Ni una gota de sangre. Ni cabeza del Bautista. Ni siquiera danza de los siete velos como tal. Romeo Castelluci desafía todas las convenciones con su propuesta para escenificar Salome en el Festival de Salzburgo. Hay muchas y muy buenas ideas en su propuesta. Algunas menos ocurrentes, como subrayar el perfil incestuoso de Herodes, y otras desde luego mucho más sobresalientes, de enorme carga visual, como esa última escena con Salome reprochando con desidia a un profeta sin cabeza, arrodillada sobre un inmaculado círculo de leche que desafía al imaginario sanguinoliento que asociamos con este cuadro.

Desplegando un lenguaje alegórico de proporciones casi minimalistas, Castellucci reiventa en imágenes un mito que se diría ya gastado, a fuerza de reducir su fuerza al tópico. En manos de Castellucci, Salome vuelve a ser una potente alegoría en torno a la pérdida de la inocencia y la necesidad de explorar nuevos límites. Salome aparece como una niña de pureza virginal antes incluso de que arranque la música. La luna ya marca entonces toda la dramaturgia y no deja de estar presente en cada escena. Son constantes también las referencias a la religión, más específicamente al cristianismo. No es tampoco casual, desde luego, la referencia a una cabeza de caballo precisamente en el escenario de la Felsenreitschule, la antigua escuela de equitación. Las propias paredes de la sala, horadadas a la montaña, parecen apropiarse de la representación, precisamente en la danza de los siete velos, que no es danza sino estatismo, con Salome convertida en piedra, literalmente petrificada.

Para su debut en Salzburgo Romeo Castellucci ha osado desafiar lo evidente, trasgredir las convenciones sin caer en la provocación. Muy al contrario, su propuesta se lanza sin red a un desafío intelectual, buscando reavivar una tensión perdida y actualizar con ello un mito que aún nos habla. El resultado es un trabajo inteligente, de una limpieza intelectual asombrosa, profundo y sugerente. El veredicto del público fue unánime : un éxito atronador.

En el rol titular, la lituana Asmik Grigorian ‑a quien vimos recientemente en el Liceu- canta con poderío aunque no sin tensión, poniendo de manifiesto los límites de su instrumento, sin duda robusto por su juventud aunque con sonidos a veces agrios y no tan desahogados como debiera en el agudo. Su actuación es en todo caso portentosa, clavando la concepción del personaje que habilita Castellucci con su propuesta. A su lado encontramos un espléndido Jochanaan en la voz de Gábor Bretz : rotundo, sonoro y sorprendentemente resuelto en el agudo para tratarse al fin y al cabo de una voz de bajo ‑cantará Sarastro en Bruselas, en septiembre, también con Castellucci-

En la parte de Herodes John Daszak demostró una vez más ser un excelente profesional, con una adecuación impecable a la dramaturgia de Castellucci y una intachable resolución vocal. Grata sorpresa a su lado también la Herodías de Anna Maria Chiuri, con un instrumento enorme y de sobresaliente proyección. Fantástico igualmente el lírico Narraboth de Julian Prégardien, de una fragilidad muy sugerente.

La versión musical encabezada por Franz Welser-Möst roza el brutalismo, no se sabe si por incapacidad para ahondar en una versión más voluptuosa y sutil, de un erotismo más refinado, al hilo del vaporoso trabajo que propone Castellucci, o si bien como decisión propia, planteando la batuta del austríaco un discurso sin contemplaciones, a menudo pasado de decibelios y donde la agresividad se sobrepone sin duda a la evocación. Los Wiener Philharmoniker son un ejército implacable, de sonido a veces demasiado brillante y metálico ; esta orquesta es capaz de todo, siempre y cuando cuente con un jinete que la comande y refrene, como bien me apuntaba Andris Nelsons en una reciente entrevista. En este sentido, Welser-Möst pareció azuzar más que retener y el resultado fue una Salome grandiosa, casi triunfalista, sin apenas recovecos para la belleza y el misterio.

Richard Strauss
Salomé

Musikdrama in einem Aufzug (1905)
Libretto vom Komponisten nach dem Schauspiel Salomé (1893) von
Oscar Wilde
in der deutschen Übersetzung von Hedwig Lachmann 

Nouvelle production

Franz Welser-Möst, Direction musicale
Romeo Castellucci, Mise en scène, décor,costumes et éclairages
Cindy Van Acker, Chorégraphie
Silvia Costa, Collaboration artistique
Piersandra Di Matteo, Dramaturgie
Alessio Valmori, Collaboration au décor
Marco Giusti, Collaboration aux lumières

John Daszak, Herodes
Anna Maria Chiuri, Herodias
Asmik Grigorian, Salome
Gábor Bretz, Jochanaan
Julian Prégardien, Narraboth
Avery Amereau, Ein Page der Herodias
Matthäus Schmidlechner, Erster Jude
Mathias Frey, Zweiter Jude
Patrick Vogel, Dritter Jude
Jörg Schneider, Vierter Jude / Sklave
David Steffens, Fünfter Jude
Tilmann Rönnebeck, Erster Nazarener
Paweł Trojak*, Zweiter Nazarener
Neven Crnić*, Kappadozier
Henning von Schulman, Erster Soldat
Dashon Burton, Zweiter Soldat

Wiener Philharmoniker

*Teilnehmer des Young Singers Project – unterstützt von der KÜHNE-STIFTUNG

Salzburger Festspiele, Felsenreitschule, 1er août 2018

Pas une goutte de sang. Pas de tête de Jean-Baptiste. Ni même Danse des sept voiles en tant que telle. Romeo Castellucci défie toutes les conventions dans sa mise en scène de Salomé au Festival de Salzbourg. Beaucoup de bonnes idées dans sa proposition. D’autres moins adaptées, comme celle de souligner le caractère incestueux d’Hérode, mais surtout des idées absolument remarquables, d’une énorme force visuelle, comme cette dernière scène où une Salomé nonchalante fait reproche à un prophète sans tête agenouillé dans un cercle de lait immaculé, défi à l’imaginaire sanglant que nous associons à cette scène.

Traduit de l'espagnol par Guy Cherqui

Salomé (MeS Romeo Castellucci)

En déployant un langage allégorique aux proportions presque minimalistes, Castellucci réinvente en images un mythe bien usé, tant sa force est la plupart du temps réduite à un topos rebattu. Dans les mains de Castellucci, Salomé en vient à être une puissante allégorie de la perte de l’innocence et de la nécessité d’explorer de nouveaux horizons. Salomé apparaît comme une jeune fille à la pureté virginale avant même que ne commence la musique. La lune présente à chaque scène, marque toute la dramaturgie. Les références à la religion, en particulier au christianisme, sont constantes. Ce n’est pas un hasard bien sûr que de voir une tête de cheval, dans une Felsenreitschule qui est un ancien manège.
Les murs même de la salle, percés dans la montagne, paraissent s’approprier la représentation, dans la Danse des sept voiles justement, qui n’est pas mouvement, mais statisme, avec une Salomé littéralement pétrifiée.
Pour ses débuts à Salzbourg, Romeo Castellucci a osé défier l’évidence, transgresser les conventions sans tomber dans la provocation. Tout au contraire, son propos se jette sans filet dans un défi intellectuel, cherchant à raviver une tension perdue et réactualiser un mythe qui nous parle encore. Le résultat en est un travail intelligent, d’une clarté intellectuelle incroyable, profonde et suggestive. Verdict du public unanime : succès retentissant.

Asmik Grigorian (Salomé)

Dans le rôle-titre, la lituanienne Asmik Grigorian – que nous avons récemment entendue au Liceu de Barcelone – a la puissance, mais non sans tensions aux limites d’une voix robuste pour son âge, mais avec quelques sons aigres et moins à l’aise qu’exigé à l’aigu.  Sa performance est dans tous les cas prodigieuse, illustrant totalement la conception proposée par Castellucci.
A ses côtés, un splendide Jochanaan, en la personne de Gábor Bretz à la voix ronde, sonore, incroyablement agile à l’aigu pour une voix de basse. Il chantera Sarastro à Bruxelles, toujours avec Castellucci.
John Daszak se montre un Herodes excellent professionnel comme d’habitude, s’adaptant parfaitement à la dramaturgie de Castellucci, avec une voix irréprochable. Anna Maria Chiuri à ses côtés est une agréable surprise en Herodias, avec une voix énorme et une projection exceptionnelle. Fantastique également le Narrabioth lyrique de Julian Prégardien à la fragilité très suggestive.
L’approche musicale de Franz Welser-Möst frôle la brutalité, on ne sait si c’est par incapacité à proposer une version plus voluptueuse ou plus subtile, d’un érotisme plus raffiné, en cohérence avec le travail vaporeux proposé par Castellucci, ou par décision personnelle, la direction du chef autrichien proposant à coups de décibels, un discours peu contemplatif, où l’agressivité étouffe l’évocation.
Les Wiener Philharmoniker sont une armée implacable, parfois trop brillante et trop métallique ; cet orchestre est capable de tout, selon qu’il a un cavalier qui l’excite ou le restreint, comme Andris Nelsons le faisait remarquer dans une récente interview. En ce sens, Welser-Möst a semblé exciter plutôt que retenir et le résultat fut une Salomé grandiose, presque triomphaliste, sans moirures de beauté et de mystère.

Asmik Grigorian (Salomé), Gábor Bretz (Jochanaan)

 

 

Alejandro Martinezhttp://www.plateamagazine.com
Alejandro Martínez (Saragosse, 1986). Diplômé en histoire et titulaire d'un Master de Philosophie de l'Université de Saragosse, il est le fondateur et directeur de la revue madrilène Platea Magazine. Au 1er janvier 2018, il prendra ses fonctions de président de l'association aragonaise pour l'Opéra. En 2016 il a publié avec Sergio Castillo, la première biographie dédiée à la soprano (NdT : aragonaise)Pilar Lorengar. Una aragonesa de Berlín (Saragosse, Presses de l'université de Saragosse, 2016). Ils travaillent tous deux actuellement à une biographie du ténor espagnol Miguel Fleta, pour les 80 ans de sa mort.

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