About us / Contact

The Classical Music Network

London

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Un bain d’humour britannique

London
London Coliseum
02/13/2018 -  et 17, 21, 23, 24, 28 février, 3*, 9, 17, 23, 27 mars, 7 avril 2018
Arthur Sullivan : Iolanthe; or, The Peer and the Peri
Samantha Price (Iolanthe), Ellie Laugharne (Phyllis), Yvonne Howard (Queen of the Fairies), Marcus Farnsworth (Strephon), Andrew Shore (The Lord Chancellor), Ben McAteer (Earl of Mountararat), Ben Johnson (Earl Tolloller), Barnaby Rea (Private Willis), Llio Evans (Celia), Joanne Appleby (Leila)
ENO Chorus, ENO Orchestra, Timothy Henty*/Chris Hopkins (direction musicale)
Cal McCrystal (mise en scène), Paul Brown (décors, costumes), Tim Mitchell (lumières), Lizzi Gee (chorégraphie)


(© Clive Barda/ArenaPAL)


L’English National Opera (ENO) affiche chaque année dans l’immense salle du Coliseum une opérette du tandem Gilbert et Sullivan, très populaires outre-Manche. La nouvelle production de Iolanthe (de retour après quarante ans d’absence), une fantaisie satirique de la Chambre des Pairs à l’époque victorienne (et un brûlant sujet d’actualité dans le Royaume aujourd’hui), est confiée à Cal McCrystal directeur de cirque, acteur et conseiller (comedy consultant) notamment pour One Man, Two Guvnors au théâtre, qui a remporté un triomphe à Londres comme à Broadway, et pour les deux comédies Paddington 1 et 2 (dans lesquelles il joue également), qui sont un énorme succès du cinéma britannique.


On saura gré à McCrystal de ne pas être tombé dans le travers de l’actualisation du livret. Certaines opérettes du tandem le demandent parfois; pas Iolanthe, violente satire des systèmes parlementaire et judiciaire britanniques quasiment inchangés depuis l’époque victorienne, qui reste comme un témoignage de l’époque plein d’enseignements. Quelques ajouts de personnages de comédie (dont Clive Mantle, un acteur de Game of Thrones), sont bienvenus pour éclairer certaines allusions du livret pouvant sembler aujourd’hui très historiques. Autre point fort que l’histoire – une féerie bucolique savamment intriquée à des intrigues parlementaires incluant même un personnage aux allures wagnériennes (La Reine des fées, qui n’est autre qu’une parodie de la Reine Victoria) – appelle parfaitement, c’est l’utilisation de techniques du cirque. Les fées volent dans les airs grâce à des filets d’acrobate, des animaux de taille réelle peuplent la scène et figurants autant que choristes sont dirigés avec une virtuosité quasi cinématographique avec l’aide de la célèbre chorégraphe du West End, Lizzie Gee, et des éclairages de Tim Mitchell.


Les costumes victoriens sont très colorés et fantaisistes et le décor composé par de très poétiques toiles peintes à l’ancienne pour les scènes d’extérieur est parfaitement efficace. Ils sont dus à Paul Brown, un décorateur très prisé au Royaume-Uni, disparu peu avant le début de cette production. Un bain de bonne humeur et d’humour très singulier (le fameux humour camp) apte à réconcilier avec ce genre si particulier ceux qui pensent qu’il n’est guère exportable.


La distribution réunit une pléiade d’excellents chanteurs fidèles à cette scène londonienne, dominée par Andrew Shore (le Lord Chancelier), que l’on avait pu entendre la saison dernière dans Les Pirates de Penzance, spécialiste de ces rôles bouffes avec leurs fameuses patter songs, airs au contenu politique, virtuoses par leur rapidité, dans lesquels chaque note correspond à une syllabe et bourrés d’allitérations. Il réussit même le tour de force à l’opéra de faire reprendre ses couplets par le public. Samantha Price (Iolanthe), Ellie Laugharne (Phyllis), Yvonne Howard (Reine des fées), Marcus Farnsworth (Strephon), Ben Johnson (Comte Tolloller), Barnaby Rea (le Deuxième classe Willis) et Joanne Appleby (Leila), tous parfaits, sont aussi des artistes habituels de l’ENO. Seuls le baryton Ben McAteer (Comte de Mountararat) et le soprano Llio Evans (exquise dans le rôle de Celia) y faisaient leurs débuts. Le chœur maison a excellé dans les nombreux ensembles, tout comme l’Orchestre de l’ENO, dirigé avec beaucoup d’humour par Timothy Henty, chef spécialiste de ce répertoire revenant pour l’occasion à la partition originale de Sir Arthur Sullivan.



Olivier Brunel

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com