Sonia Ganassi sauve La Favorite de Donizetti à l'Opéra Royal de Wallonie

Xl_la_favorita © Lorraine Wauters

Est-ce parce que ses choix de mises en scène sont souvent taxés de ringards et de passéistes (mais seulement de « classiques » par nous…) que Stefano Mazzonis Di Pralafera est allé chercher cette mise en scène futuriste de La Favorite de Gaetano Donizetti, importée de La Fenice de Venise et signée par Rosetta Cucchi ? Mal lui en a pris alors… et nous préférons de loin ce qu’il nous propose habituellement ! Ne croyant pas du tout au livret de Royer et Vaëz, la femme de théâtre italienne vient nous raconter une toute autre histoire que celles de ces amours contrariées à l'époque de la Reconquista espagnole, pour nous parler d’un temps et d’un monde où les femmes sont soumises aux diktats des hommes et n’ont pour autre fonction que de générer des guerriers… Parallèlement, dans ce monde agonisant où la nature est en voie d’extinction, on s’active à conserver dans des bocaux rangés dans un immense colombarium toutes sortes de végétaux. Soit, et La Favorite dans tout ça ?...

Un mois après avoir entendu Clémentine Margaine dans le rôle à Marseille, la barre était placée haute pour Sonia Ganassi, notamment au niveau de la diction. Contre toute attente, la célèbre mezzo italienne offre un français tout à fait châtié, et s’impose dans le personnage de Léonor par son aplomb vocal, la souplesse de son médium et l’éclat de l’aigu. Par malheur, le ténor canarien Celso Albelo paraît lui fortement gêné par les sons de la langue française qu’il malmène avec une candeur naïve. Et si son ténor séduit par la netteté de son impact et la solidité de sa ligne, les incursions dans l’aigu se font trop souvent fortissimo, donnant une touche de vulgarité insupportable dans cette écriture. De son côté, Mario Cassi - piètre Don Giovanni in loco la saison passée - campe un Alphonse XI dénué de toute noblesse, avec des accents monocordes et une émission presque constamment mal maîtrisée. En plus d'être parfaitement incompréhensible, la basse italienne Ugo Guagliardo en rajoute beaucoup trop dans ses sonorités, tandis que Cécile Lastchenko (Inès) et Matteo Roma (Don Gaspar) tirent mieux leur épingle du jeu..

Chose rare à Liège, la fosse ne convainc pas non plus, et la direction du chef italien Luciano Acocella n’arrange certes pas les choses avec ses nombreux temps morts, et ses cantilènes qui tournent court faute d’un sens suffisamment affirmé de la respiration. On a connu spectacle plus excitant dans la capitale wallone, et l’on doit à Sonia Ganassi de sauver la soirée…

Emmanuel Andrieu

La Favorite de Gaetano Donizetti à l’Opéra Royal de Wallonie, jusqu'au 28 novembre 2017

Crédit photographique © Lorraine Wauters
 

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