Une Elektra qui tutoie les cimes au Festival de Verbier !

Xl_elektra © Nicolas Brodard

Après Fidelio en 2014, Luisa Miller en 2015, Falstaff l’an dernier, c’est à une représentation (toujours en version concertante) d’Elektra que nous assistons cette fois au Festival de Verbier… une Elektra pour laquelle tous les superlatifs sont de rigueur, à commencer par la direction flamboyante d'Esa-Pekka Salonen qui offre ici une lecture rauque et sauvage de la partition de Richard Strauss, parfaitement suivi dans ses intentions par un Orchestre du Festival de Verbier en état de grâce. Dès les premiers accords, le chef finlandais plonge l’auditoire dans une lumière glauque, conférant à l’ouvrage des sonorités tour à tour sourdes et déchaînées, aux tempi saccadés, aux inflexions empreintes d’une volupté parfois proche de Puccini... et qui culmine dans un finale laissant le spectateur cloué au fond de son fauteuil, anéanti !

La distribution vocale est de la même eau et atteint les cimes. Teinturière explosive dans Die Frau ohne Schatten en mai dernier à la Staatsoper de Hambourg, l’américaine Lise Lindstrom tient peut-être avec Elektra le rôle de sa vie, avec un chant souverain jusque dans l’extrême aigu, mais capable aussi de respecter les plus infimes nuances, comme dans la fameuse « scène de la reconnaissance », qu’elle délivre avec une rare émotion. Fragile d’apparence, la soprano suédoise Ingela Brimberg (vibrante Léonore in loco en 2014) ne confère pas moins une puissante autorité au personnage de Chrysothémis... et n’en est que plus saisissante ! Son soprano aux aigus solaires se coule par ailleurs avec délice dans une musique qui semble écrite pour elle. Formidable, également, la Clytemnestre de sa compatriote Anna Larsson, au chant soigneusement contrôlé, aux intonations constamment fidèles au texte, et tout à fait à la hauteur de la tâche. Remplaçant Thomas Hampson initialement annoncé, le baryton américain Eric Owens fait forte impression en Oreste grâce à un timbre coulé dans le bronze et une présence qui n’a nul besoin de mise en scène pour s’imposer. Enfin, le ténor autrichien Wolfgang Ablinger-Sperrhackerécemment Hérode de haut vol à l’Opéra national du Rhin – trouve en Egisthe le juste équilibre entre la suffisance et l’hystérie, la qualité des seconds rôles concourant à l’incroyable réussite de la soirée, couronnée par une standing ovation aussi longue que méritée !

Emmanuel Andrieu

Elektra de Richard Strauss au Festival de Verbier, le 27 juillet 2017

Crédit photographique © Nicolas Brodard

 

| Imprimer

En savoir plus

Commentaires

Loading