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Toulouse
Théâtre du Capitole
06/23/2017 -  et 25, 27*, 30 juin, 2 juillet 2017
Giacomo Meyerbeer : Le Prophète
John Osborn (Jean de Leyde), Kate Aldrich (Fidès), Sofia Fomina (Berthe), Dimitry Ivashchenko (Zacharie), Mikeldi Atxalandabaso (Jonas), Thomas Dear (Mathisen), Leonardo Estévez (le Comùte d’Oberthal), Dongjin Ahn, Mireille Bertrand, Marion Carroué, Alexandre Durand, Carlos Rodriguez (paysans), Charles Ferré,Pascal Gardeil, Laurent Labarbe, Alfredo Poesina (Bourgeois), Jean-Luc Antoine, Christian Lovato, Emmanuel Parraga, Carlos Rodriguez, Bruno Vincent (Anabaptistes), Carlos Perez-Mansilla (Un soldat)
Chœur et Maîtrise du Capitole, Alfonso Caiani (chef des chœurs), Orchestre national du Capitole, Claus Peter Flor (direction musicale)
Stefano Vizioli (mise en scène), Alessandro Ciammarughi (décors et costumes), Guido Petzold (lumières), Pierluigi Vanelli (mouvements chorégraphiques)


(© Patrice Nin)


Quoiqu’on en conteste parfois les mérites, Le Prophète de Meyerbeer possède une aura singulière dans l’histoire de l’opéra, et la mise à l’affiche par le Capitole de Toulouse de cet ouvrage rare à la scène constitue assurément l’un des événements majeurs de cette fin de saison. Comme dans Robert le Diable et Les Huguenots, il y est question de religion, mais le sujet ici traité par le livret de Scribe, s’inspirant de la destinée de Jean de Leyde, s’en distingue par le caractère extrémiste du fanatisme relaté. Si l’accommodement dramaturgique romantique, fondant la soif de pouvoir sur la vengeance à l’égard d’Oberthal, ne supporte guère l’examen de vraisemblance, la description de la manipulation des esprits et des manœuvres du trio anabaptiste, retournant ses alliances au gré de la situation politique au début du cinquième acte, s’avère d’une effrayante éloquence qui transpire de sa simplification schématique. Non content d’impressionner le public, le traitement des foules, et de leur soumission parfois en suspens, frappe d’une manière que l’on retrouvera dans le Don Carlos de Verdi, et témoigne d’un pessimisme qui trouve un écho dans les actuelles dérives sanguinaires de quelque autre monothéisme.


Pour autant la production de Stefano Vizioli ne cherche pas à enfermer le spectateur dans une transposition à la facilité réductrice: l’intrigue se suffit à elle-même pour laisser le spectateur imaginer les parallèles herméneutiques. Tout juste pourrait-on situer les décors et les costumes dessinés par Alessandro Ciammarughi dans quelque puritanisme contemporain de la création de l’ouvrage, époque alors troublée en Europe par les soubresauts révolutionnaires de 1848. L’atmosphère pastorale des débuts est suggérée par les blonds épis de blé, quand la révélation de la mission prophétique sa fait à triptyque ouvert, orné de lettrines, calligraphie d’un pseudo-littéralisme biblique. On pourra discuter de la pompe factice du couronnement, mais reconnaissons les qualités plastiques des lumières de Guido Petzold, et saluons les mouvements chorégraphiques réglés par Pierluigi Vanelli, qui, à rebours de l’idiosyncrasie des dramaturges de notre temps, ne sacrifie pas le ballet, fût-il décoratif. Quant à la direction d’acteurs, si elle ne peut échapper aux stéréotypes du texte, elle préserve avec intelligence les ambiguïtés de Jean, quitte à altérer la sympathie mimétique que d’aucuns attendraient d’un héros lyrique.


Dans le rôle-titre, John Osborn domine le plateau avec l’évidence de la plénitude stylistique. Non content de faire résonner une vaillance sans faille, le ténor américain sait, quand l’écriture l’exige, distiller une voix mixte à la maîtrise raffinée. Kate Aldrich transsubstantie sa relative jeunesse pour offrir une Fidès crédible et investie. Les acidités de timbre et les colorations vocaliques parfois allophones de Sofia Fomina n’empêchent point sa Berthe d’afficher une valeur certaine. Le trio anabaptiste réunit le large Zacharie de Domitry Ivashchenko, le solide Mathisen de Thomas Dear et le Jonas de caractère campé par Mikeldi Atxalandabaso. En Oberthal, Leonardo Estévez démontre une autorité indéniable, nonobstant des signes de fatigue dans la tenue de la ligne. Préparés par Alfonso Caiani, le Chœur et la Maîtrise du Capitole participent du faste de la représentation, tandis que la direction de Claus Peter Flor s’attache à restituer l’éclat d’une partition non dénuée d’atouts, quand bien même il ne peut aider un finale que l’on croirait presque bâclé, si on le compare par exemple à celui de La Juive de Halévy. La direction du chef allemand présente au moins de mérite de tenir la musique de Meyerbeer dans l’estime qui lui revient, et dont les pupitres de l’Orchestre national du Capitole se font le relais.



Gilles Charlassier

 

 

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