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Pour la danse...

Amsterdam
De Nationale Opera
06/09/2017 -  et 12, 18, 21, 24*, 27 juin, 2, 5 juillet 2017
Richard Strauss : Salome, opus 54
Lance Ryan (Herodes), Doris Soffel (Herodias), Malin Byström (Salome), Evgeny Nikitin (Jochanaan), Attilio Glaser*/Peter Sonn (Narraboth), Hanna Hipp (Ein Page der Herodias), Dietmar Kerschbaum, Marcel Reijans, Mark Omvlee, Marcel Beekman, Alexander Vassiliev (Fünf Juden), James Creswell, Roger Smeets (Zwei Nazarener), James Platt, Alexander Milev (Zwei Soldaten), Michael Wilmering (Ein Cappadocier), Jeroen de Vaal (Ein Sklave)
Koninklijk Concertgebouworkest, Daniele Gatti (direction musicale)
Ivo van Hove (mise en scène), Jan Versweyveld (décors, lumières), An D’Huys (costumes), Tal Yarden (vidéo), Wim Vandekeybus (chorégraphie), Jan Vandenhouwe (dramaturgie)


M. Byström (© Clärchen&Matthias Baus)


Le Holland Festival 2017 dans la programmation duquel s’inscrit cette Salomé événementielle à l’Opéra et au Ballet nationaux d’Amsterdam, tout comme le programme Shostakovich Trilogy du Ballet national donné en alternance (voir ici), fête ses soixante-dix ans. Avec une programmation assez exceptionnelle et des artistes tels Ivo von Hove, enfant du pays et coqueluche du théâtre mondial qui a réalisé cette Salomé, Robert Lepage, Alain Platel, Boris Charmatz, Peter Sellars, Alexeï Ratmansky, Raphaël Pichon, Romeo Castellucci et même Jonas Kaufmann pour un récital unique avec Eva-Maria Westbroek.


Salomé était l’événement très attendu, mis en scène par l’enfant du pays Ivo van Hove, directeur du Festival de Hollande de 1998 à 2004, un temps pressenti pour diriger l’Opéra national, avec une représentation gratuite en plein air dans le parc Frankendael, a légèrement déçu. Non par la qualité musicale, si l’on sait qu’une fois par an à l’occasion de ce festival, le merveilleux Orchestre royal du Concertgebouw descend dans la fosse du Nationale Opera et que son nouveau chef Daniele Gatti y dirigeait son premier opéra avec lui. Une réserve cependant, pas sur l’option de Gatti de privilégier le grand flux symphonique et le son des cordes au détriment des vents et de certains détails plus percussifs, ce qui fait le charme de versions légendaires plus analytiques des chefs germaniques tels Boehm ou Karajan, mais une tendance à couvrir les chanteurs déjà défavorisés par une scénographie à ciel ouvert. Cela dit la partie orchestrale est la plus indiscutable réussite de cette production.


La distribution, soigneusement réalisée, comportait une jeune Salomé, la Suédoise Malin Byström, qui débutait dans le rôle et sur la scène du DNO après des débuts fracassants au Metropolitan Opera en Arabella. Ses grands moyens excluent cependant les notes graves du rôle, ce qui gêne un peu dans la première scène de la terrasse et dans la conclusion de la scène finale. Mais quelle bête de scène! Face à elle, le baryton-basse russe Evgeny Nikitin, dont on a pu admirer la totalité des tatouages qui avaient fait scandale au festival de Bayreuth, manquait un peu de l’humanité qui fait les grands Jochanaan. Doris Soffel brûlait les planches avec une Hérodiade vipérine aux moyens encore étonnants. L’Hérode de Lance Ryan, peu favorisé par la scénographie à ciel ouvert, était vite essoufflé, au grand détriment de la scène des promesses à Salomé. Habillé comme un chef de rayon, il n’impressionnait guère scéniquement. Excellent, le Narraboth d’Attilo Glaser, et on a aussi rarement entendu la scène des cinq Juifs aussi bien distribuée.


Le plus épatant de la mise en scène est le fait du chorégraphe, rien moins que le Flamand Wim Vandekeybus, célèbre pour ses pièces facétieuses. Quand Malin Byström entame elle-même la «Danse des sept voiles», on pense que c’est plutôt bien fait pour une chanteuse. Mais rapidement, sa danse est complétée par un film projeté au fond de la scène, où elle danse un duo très érotique avec Jochanaan. L’effet est saisissant, d’autant que la performance des deux chanteurs est exceptionnelle. Puis petit à petit, toute l’assemblée se joint à la danse, effet saisissant qui coupe le souffle jusqu’au «Herrlich! Wundervoll!» d’Hérode qui ponctue la danse. La scénographie de Jan Versweyveld figure une grande terrasse sur le proscénium vide, favorisant le jeu horizontal frontal qu’affectionne le metteur en scène. A l’arrière-plan, on aperçoit le salon d’un palais oriental d’aujourd’hui où passent des serveurs et où se réfugient certains personnages pour passer des appels sur leurs téléphones portables. On peut déplorer que voan Hove ait cédé a cette facilite de transposer l’action dans un Moyen-Orient contemporain mais si cela ne nuit guère à l’action, cela la banalise un peu. Quelques originalités assez discutables comme la proximité de Salomé et Jochanaan dans la première scène, l’effet gore garanti de faire sortir de la citerne le corps entier du prophète ensanglanté et encore vivant et de priver de la mise a mort finale de Salomé que les gardes emportent à bout de bras. Disons franchement que l’on attendait d’avantage du fondateur du Toneelgroep Amsterdam, qui, dans le même théâtre, a davantage convaincu par le passé avec Iolanta et L’Affaire Makropoulos.



Olivier Brunel

 

 

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