Carlos Almaguer (Scarpia) rafle la mise dans Tosca à l'Opéra de Nice

Xl_tosca © Dominique Jaussein

C’est avec la production de l’Opéra de Marseille, signée par Louis Désiré, que l’Opéra de Nice propose une version de Tosca en ce début d’année. Etrennée dans la cité phocéenne en mars 2015, nous l’avions découverte à l’Opéra de Saint-Etienne en novembre de la même année, et dit alors tout le bien que nous en pensions (avec un petit bémol en ce qui concerne la scène finale cependant). Comme à Saint-Etienne, la partie musicale est une des grandes satisfactions de la soirée. A la tête de l’Orchestre Philharmonique de Nice, le chef italien Renato Balsadonna déroule avec une forte et belle précision la double trame d’une partition tissée de leitmotive, mais non moins articulée sur un lyrisme sensuel récurrent.

Dans le rôle-titre, la soprano bulgare Svetla Vassileva convainc. Avec sa belle chevelure couleur aile de corbeau et son noble profil, la jeune cantatrice a fière allure. Ses gestes stylisés font du personnage une femme fatale devant laquelle tous les hommes perdent la tête. Sa voix épouse avec sensibilité les nuances de Puccini, et son « Vissi d’arte » frémissant lui vaut d’être applaudie avec chaleur. Son Mario, le ténor espagnol Alejandro Roy, remporte également un franc succès. La voix est solide, bien charpentée, le timbre manque cependant de caractère, d’identité et apparaît encore un peu opacifié. Saluons également les prestations de Thomas Dear (Angelotti), de Jean-Marc Salzmann (Sacristain) et de Frédéric Diquero (Spoletta) qui remplissent tous avec talent leur office. 

Mais l’intérêt majeur de cette Tosca réside dans le Scarpia du baryton mexicain Carlos Almaguer, indubitablement l’un des meilleurs titulaires du rôle aujourd’hui. Il a pour lui un timbre bien trempé, une voix au spectre bien défini dans ses couleurs, et un chant porté par une pulsation dramatique qu’on sent quasi instinctive. Son Scarpia, brutal lors de son arrivée dans l’église, terrible pendant le Te deum, la voix se projetant admirablement au milieu de ce maelström sonore, sait se faire cauteleux, cynique, pervers, au deuxième acte, sans jamais chercher à s’imposer de force contre l’exaspération orchestrale, mais en interprétant la partition telle qu’elle est écrite, c’est-à-dire en faisant confiance à la musique.

Bref, le lecteur aura compris que cette Tosca valait avant tout pour son Scarpia !

Emmanuel Andrieu

Tosca de Giacomo Puccini à l’Opéra de Nice (janvier 2017)

Crédit photographique © Dominique Jaussein

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