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Malgré la menace

Liège
Opéra royal de Wallonie
11/17/2015 -  et 20, 22*, 25, 28 novembre, 1er décembre 2015
Gaetano Donizetti: Lucia di Lammermoor
Annick Massis (Lucia), Celso Albelo (Sir Edgardo di Ravenswood), Ivan Thirion (Lord Enrico Ashton), Roberto Tagliavini (Raimondo), Pietro Picone (Lord Arturo Bucklaw), Alexise Yerna (Alisa), Denzil Delaere (Normanno)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Pierre Iodice (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Jesús López Cobos (direction)
Stefano Mazzonis di Pralafera (mise en scène), Jean-Guy Lecat (décors), Fernand Ruiz (costumes), Franco Marri (lumières)


C. Albelo (© Opéra royal de Wallonie/Lorraine Wauters)


Malgré la menace terroriste en Belgique, la saison de l’Opéra royal de Wallonie se poursuit avec une nouvelle production de Lucia di Lammermoor (1835), l’accès au théâtre étant contrôlé par les forces de l’ordre. Il faut bien s’y soumettre et continuer à vivre. Annick Massis incarne le rôle-titre en belcantiste chevronnée mais sans totalement convaincre, moins à cause de l’apparence, pas vraiment celle d’une jeune fille, avec tout le respect qui lui est dû, que du profil psychologique du personnage, superficiellement creusé. Peinant à émouvoir, en dépit la sincérité de l’engagement et du tempérament conféré au personnage, la soprano domine ses moyens, en particulier dans les aigus, nets et tranchants dans la scène de la folie, et sur le plan du phrasé, modelé, mais elle semble trop sur la réserve, la ligne de chant manquant parfois de nuance et la voix, de temps à autres, de souplesse et de chair. Il serait intéressant d’entendre dans ce rôle, d’ici quelques années, une Jodie Devos, mémorable Rosina le mois dernier.


Celso Albelo et Roberto Tagliavini se produisent pour la première fois sur la scène liégeoise : surtout, qu’ils y reviennent. Edgardo au point, encore que le médium gagnerait à s’affermir davantage, ce ténor au timbre accrocheur évolue avec aisance dans le haut du registre, le legato ne laissant rien à désirer. La basse s’avère, finalement, le chanteur le plus impeccable de cette distribution : justesse de l’expression, majesté du timbre, puissance de la projection, qualité supérieure du phrasé, les qualités abondent et expliquent les applaudissements chaleureux à son égard lors des saluts. Ivan Thirion pâlit un peu à leur côté mais le baryton de nationalité belge livre en Enrico une prestation encourageante, comme en Cecil dans Maria Stuarda l’année passée – technique sûr, style approprié. Les choristes, bien préparés, et les comprimari, l’un d’eux tenu par l’inusable Alexise Yerna, ne déséquilibrent pas l’ensemble.


Jesús López Cobos dirige l’orchestre pour la seconde fois, après La vera costanza en 2012, sous le chapiteau. Le chef imprime à l’opéra de Donizetti tout son élan et sa tension dramatiques : direction inspirée, respectueuse des voix, impeccable dans la gestion de la dynamique et des tempi. L’orchestre se montre discipliné et se rattrape même sans tarder après un prélude pas toujours précis – un harmonica de verre, à la sonorité cristalline, intervient durant la scène de folie, conformément au souhait du compositeur.


Une fois de plus, Stefano Mazzonis di Pralafera met lui-même en scène un spectacle dans « son » théâtre : interprétation au premier degré, direction d’acteurs ordinaire. Il a toutefois le mérite de se concentrer sur l’essentiel, évitant de parasiter l’action par des éléments qui détournent l’attention au détriment des personnages principaux, comme dans Le Barbier de Séville le mois dernier et L’Elixir d’amour en juin. Dans un décor d’un autre âge, qui évoque une certaine idée du romantisme et de l’Ecosse, le spectacle ne comporte pas de maladresse majeure, à l’exception du suicide peu crédible d’Edgardo et du renversement – involontaire ? – de la civière en bois sur laquelle repose, recouverte, Lucia. Suite à une explosion de l’une des tours, que des machinistes font bruyamment pivoter pour faire apparaître tantôt la façade, tantôt l’intérieur, quelques blocs tombent... en rebondissant. Et quelle idée, aussi, de lancer comme un ballon la tête tranchée de ce pauvre Arturo. Dans les mises en scène du directeur général et artistique, il ne faut pas s’attendre à des miracles mais cette production d’un conservatisme désespérant se laisse tout de même regarder. Et puis, Fernand Ruiz dessine des costumes toujours aussi beaux.



Sébastien Foucart

 

 

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