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Falstaff à l’Opéra de Tours - Un enthousiasme partagé – Compte-rendu

Falstaff de Verdi à l'Opéra de Tours

Déjà présenté en 2007 à Tours, le Falstaff de Gilles Bouillon n’a pas pris une ride. La jubilation parcourt un spectacle où chaque protagoniste s’amuse autant que le public des déboires de Sir John. L’humanité de l’ouvrage est bien servie par une distribution de tout premier plan, homogène et accordée aux volontés du compositeur.
 
Transposée dans les années 1950, la mise en scène - shakespearienne en diable - fonctionne comme une mécanique de précision, sans temps mort et dans le respect constant du texte de Boito. La poésie, le grotesque, le comique de situation s’enchaînent grâce à la scénographie astucieuse de Nathalie Holt, d’une grande simplicité de moyens (une reproduction du tableau « Ensor aux masques », un cheval à bascule, une pelouse et une végétation à l’anglaise sortie des huiles de David Hockney, une forêt habilement éclairée par les lumières de Michel Theuil, une scène finale onirique où des elfes tout de blanc vêtus rappellent le Songe d’une nuit d’été.)
 

Falstaff de Verdi à l'Opéra de Tours

Photo © François Berthon
 
Dominant le plateau, le Falstaff du Belge Lionel Lhote crève l’écran par un naturel qui bannit tous les artifices. D’une voix ample, riche et bien projetée, il incarne avec aisance son personnage. La Mrs Alice Ford d’Isabelle Cals, très en verve, comme la Mrs Meg Page de Delphine Haidan ou la Mrs Quickly de Nona Javakhidze, jamais caricaturale, apportent une note d’ensemble très colorée.

Mention particulière à la jeune Norma Nahoun qui séduit en Nanetta par sa grâce et une technique éblouissante (émouvante Chanson de la fée) ; belle tenue de Sébastien Droy en Fenton et du Ford d’Enrico Marrucci, bon comédien et styliste. Totalement déjanté, trogne d’ivrogne, le Bardolfo d’Antoine Normand constitue à lui seul un moment d’anthologie. Picaresques à souhait, le Pistola d’Antoine Garcin et le Dr Caius d’Eric Vignau ne sont pas en reste.
Dans la fosse, la fluidité et la précision de la direction de Jean-Yves Ossonce font merveille. En grand admirateur de l’œuvre, le chef sait ménager des instants de poésie, dégager une palette sonore chatoyante et instiller un sens théâtral jusqu’à la fugue finale, menée avec finesse et de clarté.
 
Le baryton belge Michel Trempont, 86 ans, présent dans la salle et salué avant le début du spectacle, ne dissimulait pas son enthousiasme à la fin d’une représentation pleine de vie et d’allégresse.
 
Michel Le Naour
 
Verdi : Falstaff - Tours, Grand Théâtre, 25 mai 2014, dernière représentation mardi 27 mai. www.operadetours.fr

Photo © François Berthon

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