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L’Acte III de Siegfried à l’Auditorium de Bordeaux – Wagner selon Paul Daniel ou l’art de la narration – Compte-rendu

Un concert Wagner en octobre dernier (1) avait permis de juger de la dynamique qui porte l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine depuis l’arrivée de son nouveau directeur musical, Paul Daniel – et aussi depuis l’ouverture du superbe Auditorium qui a changé du tout au tout la vie de la formation !

Jalon important de la programmation en cours – et répertoire test s’il en est - l’Acte III de Siegfried donne la mesure des progrès effectués sous la conduite Paul Daniel. Même si la présence de ce dernier à Bordeaux n’a pas atteint son plein régime cette saison, le travail réalisé (sur des ouvrages formateurs tels que la Symphonie « Résurrection » ou, tout récemment, la Turangalîla Symphonie) porte ses fruits ; l’exigeante musique de Wagner l’atteste. Du plus infime pianissimo au plus saisissant fortissimo, toute la palette expressive, tous les pupitres de l’orchestre trouvent à s’exprimer et à faire montre de leur qualités, à commencer par des cordes d'une homogénéité remarquable. Mais c’est d’abord le mélange d’ampleur, de souplesse et d’infaillible précision de la battue de Paul Daniel qu’il convient de souligner. Par rapport au concert de la rentrée dernière, où le chef et ses musiciens se découvraient encore , on sent que la confiance est établie, les marques trouvées.

Le maestro a toute latitude pour sculpter, façonner - sans baguette - la masse orchestrale ; fluidité, vivacité, clarté, poésie, sens narratif sont les qualités dominantes d’une conception qui s’affirme d’autant plus aisément que le directeur musical dispose de chanteurs qu'il connaît bien et avec lesquels le courant passe instantanément. Il retrouve Heidi Melton, soliste du concert d’octobre 2013, pour une Brünnhilde admirable de vaillance et de sensibilité. Annoncé souffrant, Stuart Skelton (Siegfried) fait néanmoins face sans faillir à son exigeant rôle et ce avec une musicalité de chaque instant - chapeau ! Qiulin Zhang confirme pour sa part qu’elle compte parmi les plus émouvantes Erda du moment. On ne résiste pas à la mystérieuse plénitude de ce chant, pas plus qu’au Wanderer humain et psychologiquement très fouillé de Robert Hayward.
Voilà qui augure du meilleur pour le grand projet wagnérien annoncé à l’Opéra de Bordeaux la saison prochaine.
 
Alain Cochard
Wagner : Siegfried/Acte III (version de concert) - Bordeaux, Auditorium, 13 avril 2014
 
(1) Lire notre CR : http://www.concertclassic.com/article/paul-daniel-et-lorchestre-national-bordeaux-aquitaine-wagner-comme-laime-compte-rendu

Photo © FDesmesure

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