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CRITIQUES DE CONCERTS 29 avril 2024

Nouvelle production de The Exterminating Angel de Thomas AdĂšs dans une mise en scĂšne de Calixto Bieito et sous la direction du compositeur Ă  l’OpĂ©ra Bastille, Paris.

La force de l’inexplicable
© Agathe Poupeney

Conjonction parfaite pour l’entrĂ©e au rĂ©pertoire de l’OpĂ©ra de Paris de The Exterminating Angel. La partition gĂ©niale de Thomas AdĂšs fait l’objet d’une mise en scĂšne de Calixto Bieito oĂč la dĂ©liquescence de la situation conserve un pouvoir mystĂ©rieux de suggestion. Le compositeur conduit un orchestre ultra rĂ©actif et une admirable troupe de chanteurs au triomphe.
 

Opéra Bastille, Paris
Le 29/02/2024
Thomas DESCHAMPS
 



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  • Une renommĂ©e trĂšs flatteuse a prĂ©cĂ©dĂ© la premiĂšre française Ă  Paris de The Exterminating Angel. Le troisiĂšme opĂ©ra de Thomas AdĂšs crĂ©Ă© au festival de Salzbourg en 2016 avait reçu un accueil presque unanimement laudateur y compris dans nos colonnes. La production initiale montĂ©e par le co-librettiste Tom Cairns a ensuite Ă©tĂ© donnĂ©e Ă  Londres puis au Metropolitan Opera de New York et enfin Ă  Copenhague.

    Pour cette entrĂ©e au rĂ©pertoire, l’OpĂ©ra de Paris a eu l’idĂ©e brillante de confier la mise en scĂšne Ă  Calixto Bieito. Plus qu’un connaisseur du film L’Ange exterminateur Ă  l’origine de cet opĂ©ra, Bieito se considĂšre profondĂ©ment liĂ© Ă  toute l’Ɠuvre du cinĂ©aste Luis Buñel. Et de fait, lĂ  oĂč Tom Cairns faisait preuve d’une littĂ©ralitĂ© exemplaire et inĂ©branlable, trĂšs descriptive, le metteur en scĂšne catalan dĂ©pouille la scĂšne au maximum pour que le spectateur puisse davantage faire sa propre lecture de cette histoire montrant un groupe de bourgeois empĂȘchĂ© par une force mystĂ©rieuse de quitter le salon oĂč ils sont rĂ©unis aprĂšs une soirĂ©e Ă  l’opĂ©ra.

    Ni le dĂ©cor blanc immaculĂ© ni les tenues de soirĂ©e des convives ne permettent de situer l’action dans un pays particulier ou une Ă©poque prĂ©cise. À la diffĂ©rence de la production princeps, le sentiment d’enfermement est renforcĂ© par la dĂ©cision de ne pas couper l’action d’un entracte et par le choix de ne pas montrer l’extĂ©rieur du salon lorsqu’une foule cherche Ă  sauver les bourgeois incapables de sortir.

    Le garçonnet tient des ballons figurant des tĂȘtes de mouton, tandis que l’ours qui devrait aussi entrer dans la piĂšce n’est qu’une peluche gĂ©ante : nous sommes nous-mĂȘmes les animaux. Tout est ramenĂ© Ă  une direction d’acteur Ă©poustouflante. À l’instar de ce que pratiquait Buñel, Bieito laisse une part d’improvisation aux chanteurs dont le jeu atteint une vĂ©ritĂ© confondante dans ce dĂ©lire des pulsions les moins ragoĂ»tantes. C’est d’autant plus marquant que la distribution est sans aucune faille.

    De la crĂ©ation, on retrouve les excellents Christine Rice et FrĂ©dĂ©ric Antoun. Chacune des sopranos possĂšde un profil diffĂ©rent, au premier chef l’incroyable Gloria Tronel qui prodigue sans compter les aigus de son personnage de chanteuse colorature. D’une prĂ©sence formidable, Hilary Summers dĂ©ploie un timbre capiteux.

    Chez les hommes, le contre-tĂ©nor Anthony Roth Costanzo montre une puissance dramatique bouleversante, Clive Bayley distille ses conseils de docteur de maniĂšre impayable. Le baryton Jarrett Ott conserve une ligne exemplaire jusque dans les scĂšnes les plus dĂ©lirantes. S’il est impossible et terriblement injuste de nommer les vingt-deux chanteurs, il faut souligner l’extraordinaire performance de Nicky Spence. À l’image de cette remarquable troupe, il atteint une sorte d’acmĂ© qui marque autant l’Ɠil que l’oreille.

    Dans la fosse, le compositeur se rĂ©vĂšle une nouvelle fois un chef Ă  la fois prĂ©cis et charismatique. Si l’on regrette comme souvent Ă  Bastille une maĂźtrise trĂšs perfectible de la sonorisation (les cloches, les ondes Martenot, la guitare, le chƓur en coulisse), l’Orchestre de l’OpĂ©ra se couvre de gloire et semble se dĂ©lecter d’une partition que Thomas AdĂšs a rĂ©visĂ©e pour l’occasion et qui fascine dĂ©finitivement par sa richesse.




    Opéra Bastille, Paris
    Le 29/02/2024
    Thomas DESCHAMPS

    Nouvelle production de The Exterminating Angel de Thomas AdĂšs dans une mise en scĂšne de Calixto Bieito et sous la direction du compositeur Ă  l’OpĂ©ra Bastille, Paris.
    Thomas AdĂšs (*1971)
    The Exterminating Angel, opéra en trois actes (2016)
    Livret de Tom Cairns & Thomas AdĂšs d’aprĂšs Luis Buñel

    ChƓur et Orchestre de l’OpĂ©ra national de Paris,
    direction : Thomas AdĂšs
    mise en scĂšne : Calixto Bieito
    décors : Anna-Sofia Kirsch
    costumes : Ingo KrĂŒgler
    Ă©clairages : Reinhard Traub
    prĂ©paration des chƓurs : Ching-Lien Wu

    Avec :
    Jacquelyn Stucker (LucĂ­a de Nobile), Gloria Tronel (Leticai Maynar), Hilary Summers (Leonora Palma), Claudia Boyle (Silvia de ÁvĂ­la), Christine Rice (Blanca Delgado), Amina Edris (Beatriz), Nicky Spence (Edmundo de Nobile), FrĂ©dĂ©ric Antoun (comte RaĂșl Yebenes), Jarrett Ott (Álvaro GĂłmez), Anthony Roth Costanzo (Francisco de ÁvĂ­la), Filipe Manu (Eduardo), Philippe Sly (Señor Russell), Paul Gay (Alberto Roc), Clive Bayley (docteurr Carlos Conde), Thomas Faulkner (Julio un majordome), Nicholas Jones (Enrique, un serveur), Andres Cascante (Pablo, un cuisinier), Ilanah Lobel-Torres (Meni, une servante), Bethany Horak-Hallett (Cailla, une servante), RĂ©gis Mengus (Padre SansĂłn), Arthur Harmonic (Yoli).

     


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