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Nadine Sierra ou l’éclat de « La Traviata » à l’Opéra Bastille

par Paul Fourier
22.01.2024

La mise en scène de Simon Stone est de retour à l’Opéra Bastille, avec ses qualités… et ses défauts. La distribution, excellente, est menée par une Nadine Sierra à la voix radieuse.

 

En 2019, Simon Stone actualisait, sur la scène de l’Opéra Garnier, la mise en scène de La Traviata, après quelques années qui avaient vu la consécration, à Bastille, de celle de Benoît Jacquot.

L’œuvre de Verdi, créée le 6 mars 1853 à la Fenice de Venise est un chef-d’œuvre absolu. On y a vu les plus grandes cantatrices se saisir du rôle de Violetta pour sublimer l’épisode de vie de cette demi-mondaine, certes amoureuse, farouchement indépendante mais, comme le voulait l’époque, fatalement vouée à la mort. En ce mitan du XIXe siècle, à l’opéra, les héroïnes pouvaient accaparer les premiers rôles et faire pleurer le public, mais devaient le payer au prix fort en s’éteignant devant leur amant, forcément dévasté, mais bien en vie, lui…

 

Le retour de Violetta l’influenceuse…

 

La Traviata est l’histoire d’une courtisane, une histoire inspirée de l’idylle qu’Alexandre Dumas fils eut avec Marie Duplessis. Simon Stone a fait un choix autre, et assez borderline. Ainsi, on peut lire dans le programme de salle « (…) il a envisagé Violetta tel un personnage public en quête de reconnaissance sociale à laquelle les réseaux sociaux nous promettent d’accéder ». Soit !

 

Avec Stone, Violetta devient donc une influenceuse, une femme qui vit dans un monde artificiel et virtuel, entre réseaux sociaux et fêtes décadentes. Elle reçoit des messages de sa mutuelle, de sa banque et, forcément, de ses potes et de son amoureux. Il est vrai qu’aujourd’hui, les modèles (pas toujours flatteurs) ne manquent pas si l’on veut aller sur ce terrain-là. C’est d’ailleurs l’un des premiers défauts de la production que de tirer Violetta (et les autres personnages) vers une forme de vulgarité anachronique avec le livret.

 

Voir le metteur en scène nous déporter de ce que représentait ces femmes au XIXe siècle, des maîtresses de puissants, souvent puissantes elles-mêmes, n’est donc pas sans risque. Autre problème, c’est qu’indépendamment du concept et même si certaines scènes ont été corrigées (la vache qui avait tant fait parler d’elle en 2019 a été remplacée… par un tracteur), Stone a, malgré tout, conservé quelques côtés urticants. Ainsi, l’on se passerait vraiment d’être bombardé par ce déluge de messages instantanés lorsque la soprano chante son « Sempre libera » ou le ténor, son air d’ouverture de l’acte II. En metteur en scène rompu à l’opéra, Stone devrait se souvenir que le cerveau – parfois reptilien – des amateurs d’opéra ne peut véritablement apprécier un air sublime interprété par de grands artistes tout en lisant des banalités émises par SMS… Par ailleurs, quelques détails frisent le comique lorsque, par exemple, à l’époque des WhatsApps et autres Messengers, Stone se prend les pieds dans les tapis (de souris), et que Violetta, un téléphone – mais aucune missive – à la main, dit à Annina « Va porter toi-même cette lettre ». On a alors juste envie de dire… LOL.

Cela étant, le résultat est parfois efficace quand il met en évidence la solitude intrinsèque de l’héroïne souvent réduite à son avatar. Par ailleurs, la production semble être faite sur-mesure pour les jeunes spectateurs car le concept leur est plus familier que la vie de la réelle Marie Duplessis. Enfin, il faut reconnaître que l’idée finale de cette #violetta engloutie dans une forme de métavers est une belle trouvaille, tant sa mort physique équivaut à l’extinction de sa visibilité aux regards du monde qui l’observait via les écrans… et donc à son oubli programmé.

 

Nadine Sierra, reine de la fête

 

Quoi qu’il en soit, qui, après Pretty Yende, la créatrice de cette mise en scène, pouvait aussi bien se fondre aussi bien dans cette #violettavalery ? Qui ? Nadine Sierra évidemment ! La soprano qui, en mars 2023, avait déjà gratifié le public parisien d’un « Sempre libera » ébouriffant lors du concert en duo avec sa consœur à la Philharmonie de Paris et avait donné un aperçu de ses exceptionnelles qualités.

De Violetta, l’on sait que, à l’instar des héroïnes des Contes d’Hoffmann, c’est « trois femmes en une seule femme » ou plutôt trois voix en une seule femme. La soprano doit donc posséder les propriétés techniques d’une colorature avec des pendants lyrique et dramatique dans les actes II et III ; le pari est difficile et, rarement, pleinement réussi.

 

Ce soir, Nadine Sierra, au demeurant belle comme le jour, nous gratifie dès le premier acte d’une incroyable démonstration de son talent. La voix est belle et souple ; les vocalises, étourdissantes, et le registre aigu est éclatant et radieux ; le « E strano » est stupéfiant de beauté vocale et la soprano y montre une longueur de souffle inouïe, s’autorisant même des variations et un suraigu supplémentaire sans sacrifier ni la ligne de chant, ni, grâce à des silences bienvenus, le message de la femme qui doute. Sans même attendre la cabalette qui va suivre, le public explose déjà en une ovation magistrale.

Puis, le « Sempre libera » est un véritable feu d’artifice même si, in fine, la soprano entraînée dans sa dynamique osera un contre-mi bémol périlleux et qu’elle devra, sans dommages, redescendre pour terminer en beauté l’air avec un superbe aigu longuement tenu.

 

Au deuxième acte, la soprano continue sur sa lancée et, dans le grand duo avec le père, après un « Cosi alla misera (…) » merveilleux de désespoir contenu, elle transmet une émotion intense lorsque d’une voix presque étouffée, elle susurre un « Dite alla giovine si bella e pura » à faire pleurer les pierres, suivi d’un « Morro » scandé, haletant et vrai.

Dans la première partie du deuxième acte, Sierra est cette héroïne passionnée dont l’anéantissement psychologique nous éclate au visage et elle affronte le Germont de Ludovic Tézier avec la vérité d’une amoureuse sincère qui doit s’effacer devant des intérêts supérieurs. Enfin, au terme de l’acte, en femme outragée, mais digne, jetée au sol devant ses followers, Nadine Sierra est absolument émouvante.

 

On pouvait s’y attendre, le troisième acte la trouve un peu moins pertinente avec la partition, car les considérables moyens vocaux de la soprano sont moins en phase avec l’émotion pure (et peu démonstrative) qu’il faut alors transmettre et à l’épuisement et la mort qu’il faut incarner. Sa projection dans le langage parlé de la lettre n’est pas idoine. Le « Addio del passato » est très bien exécuté, mais manque de ce petit plus (et des quelques piani) que d’autres interprètes, comme Ermonela Jaho, savaient ajouter sur cette même scène de Bastille pour atteindre un fort degré d’émotion. En revanche, ce qui suit est pleinement convaincant et, même si – faute à la mise en scène – la soprano meurt dans un état physique plutôt satisfaisant, Sierra arbore jusqu’à la fin cette formidable énergie vitale qu’elle aura insufflée durant toute la représentation.

René Barbera partage avec Nadine Sierra un répertoire fondamentalement belcantiste. La voix est souple, le timbre est séduisant ; en revanche, le volume s’avère un peu limité pour la grande salle de Bastille. On doit reconnaître également que ce n’est pas un acteur hors pair et qu’il ne semble pas toujours se trouver à l’aise avec les mouvements qui lui sont imposés par Simon Stone, par exemple lorsqu’il doit piétiner du raisin… en chantant « De’ miei bollenti spiriti ». Pour autant, que cela soit dans les solos et dans les duos, Barbera déploie, en permanence, une ligne de chant noble et ne recule devant aucun aigu. Il se montre, par ailleurs, totalement investi dans les scènes, notamment dans celle finale de l’acte II alors qu’il outrage Violetta.

 

Ludovic Tézier, patriarche magnifique

 

De Ludovic Tézier, on ne s’attardera pas sur le fait qu’il n’a jamais semblé être vraiment dans son élément théâtral avec la mise en scène de Simon Stone. En revanche, la voix, parfaitement homogène d’un médium riche aux aigus sûrs, est toujours impériale et face à Sierra, la crédibilité physique et vocale est extraordinaire. Il sait ainsi incarner tant une forme de (perverse) sagesse paternelle que la dureté qu’une forme de supériorité masculine face à une Violetta qui se rebiffe et le surprend par sa noble énergie. Le duo intense qu’il a avec Violetta montre un face à face absolument équilibré entre deux artistes qui n’ont aucun souci à s’affronter tant leur chant émis avec facilité laisse toute la place à la vérité dramatique. Le « Pura siccome un angelo » est magistral et le « Di Provenza il mar (…) une authentique leçon alors que l’artiste allie un superbe legato et une facilité déconcertante. Si l’on a pu observer un décalage avec le chef dans le « No, non udrai rimproveri » visiblement démarré sur un rythme trop rapide, le baryton, pris un peu en défaut sur la vitesse d’exécution, mais si professionnel, retombera magnifiquement et dans dommages sur ses pieds.

La troupe et les choristes, parties de plus en plus importantes des productions de l’Opéra de Paris

 

Les seconds rôles se révèlent tous à la hauteur des premiers solistes. Marine Chagnon brille en Flora, montrant chaque jour à quel point son appartenance à la troupe lui ouvre progressivement la porte pour des rôles de plus en plus consistants dans lesquels elle expose tout son talent. Il en est de même pour Maciej Kwaśnikowski, Alejandro Baliñas Vieites, Florent Mbia qui en nous devenant toujours plus familiers, donnent désormais de la visibilité à des personnages secondaires que le public a, parfois, tendance à dédaigner. Cassandre Berthon montre, de son côté, toute la sensibilité requise pour la fidèle Annina et Vartan Gabrielian toute la rigueur nécessaire au docteur Grenvil. Et l’on doit aussi saluer le fait que même des membres talentueux du chœur (Hyun-Jong Roh, Olivier Ayault, Pierpaolo Palloni) puissent participer à la production dans de petits rôles de solistes.

Enfin, une fois de plus dirons-nous, le chœur de l’Opéra de Paris dirigé, cette fois, par Alessandro Di Stefano, montre son excellente préparation (et sa capacité à évoluer dans les costumes de scène les plus extravagants).

 

Giacomo Sagripanti idéal en fosse

 

Le chef dirige l’orchestre de l’Opéra de Paris avec classe, adoptant un rythme adapté à chacune des scènes, sans précipitation, en sachant marquer l’accent aux bons moments comme lorsque sur le « Morro » de Violetta, il convoque la force des percussions pour mettre en relief la grande force dramatique de cet instant. La séquence des bohémiennes et du matador est gérée sans vulgarité malgré les quelques excès visuels (et autres phallus) du passage. Le prélude de l’acte III est joué sans sentimentalisme dans une stricte pureté verdienne. Ce qui s’avère fondamental, hormis le petit hiatus avec Tézier, c’est que Sagripanti est extrêmement attentif à ses artistes, les soutenant en permanence et rappelant que La Traviata ne brille jamais autant que lorsque les interprètes ont toute leur latitude vocale pour nous conter cette histoire aussi géniale que tragique.

Ainsi, après Turandot, après Adrienne Lecouvreur, l’Opéra de Paris démontre avec cette équipe hors pair sa capacité à reprendre les productions avec les meilleurs chanteurs du moment. Il semblerait que toutes les représentations de cette Traviata soient complètes, mais si vous avez la chance de saisir une place, courez-y !

Visuels : © Vahid Amanpour / OnP