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Théâtralité

München
Nationaltheater
11/19/2023 -  et 23, 26, 30 novembre 2023
Alban Berg: Wozzeck, opus 7
Peter Mattei (Wozzeck), John Daszak (Le Tambour‑major), Tansel Akzeybek (Andres), Wolfgang Ablinger-Sperrhacke (Le Capitaine), Jens Larsen (Le Docteur), Ulrich Ress (Le Fou), Marlis Petersen (Marie), Rinat Shaham (Margret), Milan Siljanov, Andrew Hamilton (Handwerksburschen), Felix Bellheim (L’enfant de Marie)
Bayerischer Staatsopernchor, Kinderchor der Bayerischen Staatsoper, Christoph Heil (chef des chœurs), Bayerisches Staatsorchester, Vladimir Jurowski (direction musicale)
Andreas Kriegenburg (mise en scène), Harald B. Thor (décor), Andrea Schraad (costumes), Stefan Bolliger (lumières), Zenta Haerter (chorégraphie), Miron Hakenbeck (dramaturgie)


(© Wilfried Hösl)

La salle était comble, accueillant un public jeune et attentif, pour la première des quatre représentations de Wozzeck. Cette production, créée en 2008, est régulièrement présentée à l’Opéra d’Etat de Bavière, comme en 2018.


Dans la conception d’Andreas Kriegenburg, Marie et Wozzeck sont les seuls personnages à dégager une impression de normalité, évoluant parmi des figures difformes et caricaturales. La scène, inondée d’eau, est traversée par des figurants à l’allure affamée, inquiétante et impersonnelle, vêtus de costumes noirs – un style repris par le chœur d’enfants dans la scène finale.


Une pièce suspendue représente le domicile de Marie, procédé que reprendra Harry Kupfer dans sa Lady Macbeth de Mtsensk. Leur fils cherchant en vain à établir une relation avec son père écrira sur le mur sale « Papa », que Wozzeck cherchera tout de suite à effacer... Les reflets de l’eau, le jeu des lumières et des costumes sont saisissants et pleins d’expression. Seule la scène du meurtre de Marie est un peu en retrait par rapport à ce qu’ont fait d’autres metteurs en scène, probablement parce qu’il faut éviter que le corps de Marie ne soit trempé... mais ceci n’est finalement qu’un détail au milieu d’une production si forte et expressive.


Il y a comme toujours quelques éléments qui montrent qu’il s’agit d’une première représentation. Le chœur n’est pas complétement homogène et parfaitement ensemble. Bon nombre de personnages secondaires, cependant, ont déjà tenu leurs rôles dans le passé et font preuve de beaucoup d’aisance sur scène. Parmi les nouveaux venus, Rinat Shaham a beaucoup de présence dans le rôle de Margret. Marlis Petersen est la grande artiste que l’on connait et une immense Lulu. La ligne, l’expression, les aigus et la clarté des mots sont remarquables mais elle n’a pas le format vocal du rôle de Marie, dont la dernière incarnation sur cette scène était par Anja Kampe, donc une Isolde ou une Brünnhilde. Peter Mattei, familier du rôle (comme en 2020 au Met), est un Wozzeck intense dans son chant et sa maîtrise du texte.


L’orchestre, sous la baguette de Vladimir Jurowski, joue un peu fort. En 2017, à Salzbourg, dans la plus intime Haus für Mozart, ce dernier avait été peut‑être plus attentif à ne pas couvrir ses chanteurs. Mais son approche donne ici la possibilité de saisir une foule de détails qui permet d’approfondir et d’apprécier la richesse de l’œuvre. Les citations du Chevalier à la rose ou de la Symphonie « Pastorale » ressortent plus que d’habitude. L’orchestre devient vraiment le personnage principal.


Toutes les reprises au Bayerische Staatsoper ne sont pas du même niveau. Il faudrait peut‑être songer à une nouvelle Traviata ou autre Enlèvement au sérail, mais ce Wozzeck, comme la reprise d’Elektra dans la mise en scène de Wernicke, montrent la qualité du fonds de commerce de cette maison d’opéra.


On pouvait apercevoir dans la salle Barrie Kosky. Ce dernier prépare avec Vladimir Jurowski une nouvelle Chauve‑souris fin décembre. Voici une autre musique bien différente mais tout aussi viennoise.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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