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Figaro mauvais vaudeville ?

München
Nationaltheater
10/30/2023 -  et 1er, 5, 9, 12, 14 novembre 2023, 14, 17 juillet 2024
Wolfgang Amadeus Mozart : Le nozze di Figaro, K. 492
Huw Montague Rendall (Il Conte di Almaviva), Elsa Dreisig (La Contessa di Almaviva), Louise Alder (Susanna), Konstantin Krimmel (Figaro), Avery Amereau (Cherubino), Dorothea Röschmann (Marcellina), Willard White (Bartolo), Tansel Akzeybek (Basilio), Kevin Conners (Don Curzio), Eirin Rognerud (Barbarina), Martin Snell (Antonio), Seonwoo Lee, Xenia Puskarz Thomas (Deux jeunes filles)
Chor der Bayerischen Staatsoper, Christoph Heil (chef de chœur), Bayerisches Staatsorchester, Stefano Montanari (direction musicale)
Evgeny Titov (mise en scène), Annemarie Woods (décors, costumes), DM Wood (lumières), Katja Leclerc, Janine Ortiz (dramaturgie)


H. Montague Rendall, E. Dreisig (© Wilfried Hösl)

Les trois opéras du tandem Mozart/Da Ponte sont les miracles que l’on connaît. Mais on pourrait peut‑être reprocher à Così fan tutte d’être un tantinet misogyne tandis que l’action et la tension tombent un peu après le finale du premier acte de Don Giovanni.


Par opposition, Les Noces de Figaro fait partie de ces très rares opéras où chaque moment a une signification, où aucune scène n’est de trop. Mais ce n’est pas une œuvre aussi codifiée qu’elle empêcherait les artistes d’apporter leur touche. Il y a de nombreux passages qui présentent une certaine ambiguïté et qui permettent de trouver des espaces de liberté. Que se passe‑t‑il réellement entre la Comtesse et Chérubin, Susanna et le Comte ? Figaro reconnaît‑il vraiment Susanna déguisée en Comtesse ? C’est ainsi que cet opéra marche bien lorsqu’il est transposé dans les temps modernes. Rappelons‑nous de l’originalité de ce que Peter Sellars avait fait en déplaçant l’action dans la Trump Tower à New York.


Tout ce préambule pour regretter les partis pris de la mise en scène d’Evgeny Titov. L’œuvre devient ici une pièce de boulevard un peu vulgaire et gratuite. Susanna sort de sa cachette du deuxième acte high, en train de fumer un joint, tandis que la scène finale se passe dans une plantation de cannabis. Le Comte est un personnage faiblard qui semble apprécier de recevoir des fessées de la part de Susanna. La complicité entre Susanna et Figaro n’est pas là. Il y a des « bonnes blagues », mais l’expression de la musique n’est pas prise en compte et, fondamentalement, l’œuvre, tant dans son texte que dans sa musique, est de bien meilleure qualité que ce que nous voyons ici.


La conception n’est pas aidée par les choix du chef. Stefano Montanari dirige ici un Mozart très rapide, voire fébrile. Certes, l’orchestre est virtuose et les notes sont justes, mais les phrasés et le son sont sacrifiés et l’expression en souffre. Stefano Montanari montre sa maîtrise en accompagnant lui‑même les chanteurs au pianoforte, mais ce que nous entendons ressemble plus à de la musique de films comiques de l’époque du noir et blanc que du Mozart.


La distribution nous permet de retrouver plusieurs chanteurs présents la saison précédente dans Così fan tutte. Louise Alder peine un peu à trouver ses marques dans le premier acte. Peut‑être faut‑il y voir une certaine difficulté à s’adapter aux tempi, mais elle prend de plus en plus d’assurance et de charme avec « Deh vieni ». Avery Amereau est un Chérubin très chaleureux. Le Comte de Huw Montague Rendall n’a tout simplement pas l’envergure du rôle. Les notes sont là, mais il n’est simplement pas à sa place. Konstantin Krimmel a plus de stature, et son dernier air a beaucoup de caractère. C’est un plaisir d’entendre les vétérans que sont Willard White et Dorothea Röschmann. La grande triomphatrice de la soirée est sans conteste Elsa Dreisig. Elle est vraiment la seule à avoir la dimension du rôle de la Comtesse. Elle trouve de superbes phrasés et est probablement la seule sur scène qui ne se laisse pas « bousculer » par les tempi précipités de l’orchestre.


Mais en fin de compte, malgré le réel travail et les contributions des artistes, on ressort en se disant que Les Noces de Figaro valent bien mieux qu’un simple vaudeville un peu salace.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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