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WAGNER, Siegfried – Zurich

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Spectacle
17 mars 2023
Le Siegfried de Klaus Florian Vogt vaut le voyage

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Deuxième journée du Festival scénique
«Der Ring des Nibelungen»,
Musique et livret : Richard Wagner (1813-1883)

 

 

Détails

Mise en scène

Andreas Homoki
Scénographie
Christian Schmidt
Lumières
Franck Evin
Video
Tieni Burkhalter
Dramaturgie
Werner Hintze, Beate Breidenbach

Siegfried
Klaus Florian Vogt
Mime
Wolfgang Ablinger-Sperrhacke
Der Wanderer
Tomasz Konieczny
Alberich
Christopher Purves
Fafner
David Leigh
Erda
Anna Danik
Brünnhilde
Camilla Nylund
L’oiseau de la forêt
Rebeca Olvera

Philharmonia Zürich
Direction musicale
Gianandrea Noseda

Opernhaus Zürich

14 mars 2023, 17h

Prochaines représentations les 18, 22, 26 mars 2023

 

 

Klaus Florian Vogt et Wolfgang Ablinter-Sperrhacke © Monika Ritterhaus
Wolfgang Ablinger-Sperrhacke et Klaus Florian Vogt © Monika Ritterhaus

Sombres les roulements de timbales pianissimos, presqu’imperceptibles, du début du prélude, sombre la forge de Mime, sombre la forêt où chantera l’Oiseau, sombre l’environnement du rocher où s’éveillera Brünnhilde. Ce Siegfried sera constamment nocturne, envoûtant, vocalement superbe, porté par la direction frémissante de Gianandrea Noseda.

Le décor est le même que pour L’Or du Rhin et la Walkyrie, mais du blanc absolu on est passé au noir total : si la tournette tourne toujours autant pour la deuxième journée de la Tétralogie zurichoise, les murs de ce grand appartement inlassablement giratoire sont maintenant peints couleur deuil.

Il n’empêche, ce mouvement rotatif quasi incessant gardera toute son efficacité scénographique. Grâce à une armée de techniciens qu’on imagine s’affairer dans l’arrière-scène tels des Nibelungen, tour à tour chacun des éléments du conte fantastique qu’imagine Wagner, y apparaîtra comme par enchantement. Il y a aussi du merveilleux dans cette histoire.
Siegfried, c’est le plus remuant des quatre épisodes. On le décrit souvent comme le scherzo de la symphonie en quatre mouvements que serait la Tétralogie. Andreas Homoki, le metteur en scène (qui est aussi le directeur de l’Opéra de Zurich), préfère dire que, si Das Rheingold est une manière de conversation en musique et Die Walküre une monumentale et surhumaine tragédie, Siegfried est une comédie où se rencontrent des moments ironiques ou grotesques comme des scènes touchantes ou pathétiques. Et Götterdämmerung sera un mixte de tous ces éléments.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est siegfried_ah_311_c_monika_rittershaus-1024x768.jpeg.Wolfgang Ablinger-Sperrhacke et Klaus Florian Vogt © Monika Ritterhaus

Une prise de rôle réussie

Quand ces hautes murailles lambrissées figuraient le Walhalla, on y voyait des meubles dorés, des tableaux, tous les atours d’une prospérité qui, de L’Or du Rhin à la Walkyrie, se lézarda vite. Au début de Siegfried, la tanière de Mime est encombrée de meubles renversés, de buffets, de bahuts surdimensionnés de style disons Guillaume II (en France on dirait Henri II) : Mime est un nain et Siegfried presqu’un enfant, ils vivent dans un univers trop grand pour eux, à l’image de ce vieux fauteuil Chesterfield au cuir griffé, qui accueille leurs querelles incessantes.

Un ado, Siegfried ? En culottes courtes de jeune Bavarois, il a la blondeur de Klaus Florian Vogt, et l’un des pitchs de la soirée, c’est la prise de rôle par ce Lohengrin idéal d’un personnage que l’on confie traditionnellement à des ténors de plus fort acabit. Et si, dans les tout débuts de sa première scène, on s’inquiète de l’entendre couvert par un orchestre particulièrement spectaculaire dans l’acoustique clairissime du petit théâtre qu’est l’Opernhaus, très rapidement, à mesure que la voix se chauffera, il dessinera un Siegfried juvénile, candide, innocent, maintenu à dessein dans l’immaturité par un Mime bonasse et cauteleux à la fois. Dès « So lernt’ich, Mime, dich leiden ! », on entendra ses phrasés exquis et la lumière qu’il apporte au personnage. À des cuivres très tonitruants, aura succédé sur le « Jammernd verlangen Junge » de Mime la finesse chambriste des bois (c’est le moment où la flûte annonce l’oiseau de la forêt). Dans la rutilance comme dans la délicatesse, les sonorités du Philharmonia Zürich seront constamment magnifiques.

L’impression d’être dans le son

Dans le programme de salle, Gianandrea Noseda fait remarquer que pour peu qu’il trouve les bons tempis et les bonnes relations entre eux dès le début (à notre avis c’est le cas), toute la structure de la pièce deviendra claire. À l’Opernhaus, rien ne se perd de l’orchestration pointilliste de Wagner. L’invention, la vivacité, la fantaisie éclatent et étonnent à chaque instant, rien n’échappe, ni le hautbois sur « Sonn’ und Wolken », ni la clarinette basse évoquant le motif du « malheur des Wälsungen », ni l’ostinato des contrebasses à mesure que Siegfried presse Mime de lui dire qui étaient ses père et mère, ni les couleurs funèbres des cors sur son « So starb meine Mutter an mir ? – Ma mère est donc morte pour moi », moment touchant où Siegfried vient se blottir comme un enfant sur les genoux de Mime.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est siegfried_ah_200_c_monika_rittershaus-1024x768.jpeg.Tomasz Konieczny et Wolfgang Ablinger-Sperrhacke © Monika Ritterhaus

Un Mime d’anthologie

L’excellent Wolfgang Ablinger-Sperrhacke endosse le rôle de Mime qu’il a chanté partout (Amsterdam, Toronto, Madrid, Milan, Berlin, Vienne, Munich) comme un costume familier, dont il connaîtrait toutes les coutures. Aucune des cautèles, ni des bontés de ce personnage ambigu, manipulateur et chafouin en même temps que sentimental et douloureux, ne lui est inconnue. Intéressant de citer ce qu’il dit de ce rôle : « La plus grande difficulté réside dans le fait que la majeure partie du premier acte est très bas, presque dans le registre de baryton, tandis que le reste passe dans le registre de ténor ; c’est une belle expression de la détresse croissante dans laquelle Mime se trouve, mais c’est très exigeant. C’est un grand défi, mais un rôle de rêve pour un ténor de caractère ». Et ceci à propos de la psychologie du personnage : « Son grand dessein, c’est de s’emparer de l’anneau et par là de faire quelque chose de sa vie misérable. Mais il a élevé Siegfried comme son fils pendant dix-sept ans. S’il se résout à le tuer, c’est qu’il ne voit pas d’autre possibilité. Mime n’est pas un meurtrier sournois, pas uniquement, c’est aussi un être profondément malheureux, et j’aime ce type ! »

L’humour de Wagner

S’ajoute à cela dans cette production une manière de conversation avec le public, vers lequel Mime se tourne parfois pour lui raconter son histoire (un des tics de Wagner, on le sait, que ces résumés des épisodes précédents) : on ne parlera pas de brechtisme, ni de distanciation, mais d’une manière de mise à distance légère, tel un aparté de comédie. De la même façon, à la fin du deuxième acte, on verra Siegfried revenir en scène pour récupérer son épée oubliée, et écarter les mains dans un geste de connivence avec la salle comme pour dire « où avais-je la tête ? » Vocabulaire de comédie à nouveau.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est siegfried_ah_301_c_monika_rittershaus-1024x768.jpeg.Christopher Purves © Monika Ritterhaus

C’est là se glisser dans l’humeur de Wagner, qui dessine sous le signe du grotesque la fin des Dieux. Alberich porte une tenue de cocher de fiacre, vieille fourrure et vieux haut-de-forme. Saisissante, son apparition noyée d’ombre, dans une posture accablée de héros vaincu. Parfois il retire sa houppelande sous laquelle il est en gilet et torse nu. Il tient du marchand forain et du garde-chiourme en disponibilité, et l’on se souvient de son fouet et de sa sauvagerie du temps de Rheingold quand il tyrannisait ses esclaves dans les profondeurs du Nibelung. Puissante incarnation de Christopher Purves, qui construit le personnage avec pour seul souci la véracité, baryton de caractère mais d’abord formidable acteur, à l’instar de son comparse Wolfgang Ablinger-Sperrhacke. Avec de tels rôles qui font le bonheur des bêtes de scène, Wagner tend la main à Shakespeare.

La voix noire du Wanderer

Puissante silhouette aussi, celle que dessine Tomasz Konieczny sous son large chapeau et son grand manteau de cuir, son bâton de Wanderer en main. C’est d’abord par la puissance et la projection de sa voix qu’il s’impose quand il apparaît dans l’antre de Mime, dans une santé vocale encore plus spectaculaire, nous semble-t-il, que dans son incarnation d’un Wotan éperdu de douleur à la fin de la Walkyrie.
En savoureux contraste avec le ténor claironnant du nain, on admire le legato et la considérable ampleur du baryton polonais et ses reflets parfois métalliques. Voix d’ailleurs singulièrement noire, davantage que celle d’Alberich (on attendrait le contraire). D’une puissance redoutable, elle n’aura aucun mal à passer, lors du récit de la mort de Fasolt, par-dessus des cuivres très présents.
On citera le nom du musicien tenant la partie de tuba, Florian Hatzelmann, particulièrement en évidence ici, – parfois presque trop, et c’est lui qui au début du second acte suggèrera d’effrayante manière l’approche de Fafner sous l’aspect d’un dragon.

Rebeca Olvera, Christopher Purves et Wolfgang Ablinger_Sperrhacke ©Monka Ritterhaus
Rebeca Olvera, Christopher Purves, Wolfgang Ablinger-Sperrhacke © Monika Ritterhaus

La chute de la maison Wotan

La mise en scène d’Andreas Homoki s’inscrit dans la postérité de celle de Patrice Chéreau. La chute de la maison Wotan, c’est la chute d’une dynastie bourgeoise. La grande table dorée qu’on verra réapparaître ici, ce pourrait être la table de réunion d’une banque d’affaires, et c’est sur elle que d’un coup de son épée Notung Siegfried brisera la lance du Wanderer, ultime symbole de son pouvoir aboli. Le metteur en scène voit dans la musique de la forge, dans les furieux coups de marteau de Siegfried sur l’enclume, un écho de la Révolution de 1848 que Wagner vécut à Dresde non loin de Bakounine. Quant à l’épée forgée par Mime qu’il casse sur son genou, il y voit une représentation de l’ancien monde.

Heroic fantasy

Mais cette lecture politico-symbolique reste discrète. Bien plus présent, le côté heroic fantasy. Siegfried fait son entrée suivi de son ours (un figurant vêtu d’une défroque de fourrure) auquel il donnera une fraternelle accolade. Quant au dragon-Fafner, il sera bien là. Sa queue apparaîtra d’abord au détour d’une porte, puis il pointera son énorme tête par une fenêtre dans des nuages de fumée, et, si le combat avec lui aura lieu en coulisses, sa dépouille caoutchouteuse envahira une des pièces de l’appartement. C’est à ce moment-là qu’on verra enfin apparaître Fafner (David Leigh) dont on n’avait jusqu’ici entendu l’éclatante voix de basse que par le biais d’une sono réverbérée qui la rendait encore plus terrifique.
Autre trait de merveilleux, l’Oiseau de la Forêt aux immenses plumes blanches, qui volète gracieusement tout autour de Siegfried, grimpe au sommet du dragon et dans un geste charmant emprisonnera Siegfried de ses ailes. Toute menue, Rebeca Olvera lui prête sa grâce sautillante et une voix de soprano léger, de plus en plus aérienne au fil de ses interventions. On sait que c’est l’Oiseau qui indiquera à Siegfried qu’il y a quelque part au sommet d’un rocher une femme endormie qui l’attend.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est siegfried_ah_323_c_monika_rittershaus-1024x1024.jpeg.Rebeca Olvera et Klaus Florian Vogt © Monika Ritterhaus

Ein Bildungsroman

Siegfried, c’est une manière de long roman d’apprentissage, de chemin de la nuit à la lumière. Le jeune héros apprendra d’abord le nom de sa mère, puis forgera l’épée, tuera le dragon, échappera au poison que voudra lui faire boire Mime, se débarrassera de Wotan en brisant sa lance et enfin arrivera au pied du rocher où dort celle qui attend le héros qui l’éveillera, ainsi que l’Oiseau le lui aura appris.
Tout l’opéra raconte la perte de son innocence. Mais c’est dans l’ignorance qu’il agit, dans l’incertitude, tout ce que suggèrent musicalement les poèmes symphoniques mystérieux et sombres que sont les deux premiers préludes.

Klaus Florian Vogt incarne cette candeur à la fois par sa silhouette, la grâce de ses mouvements et bien entendu ce timbre si clair et la lumière qui irradie de lui. Si dans certains passages il lui manque un peu de volume, il en est beaucoup d’autres où l’orchestre de Wagner se fait discret, attentif, presque silencieux, où Vogt peut déployer son art de diseur et une fraîcheur lyrique désarmante.
Rien n’est plus charmant que ses dialogues avec l’Oiseau à la fin du deuxième acte, après qu’il a tué Mime, dans le long monologue « Noch einmal, liebes Vöglein » dont il fait une démonstration d’allègement, de transparence vocale, avec des effets presque de chuchotement, et Noseda, sous le charme de « Freudliches Vöglein », semble retenir son orchestre, suivre son chanteur, distiller des voiles orchestraux impalpables.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est siegfried_ah_277_c_monika_rittershaus-1024x768.jpeg.Klaus Florian Vogt © Monika Ritterhaus

Dix ans après

On sait que le troisième acte de Siegfried, composé dix ans après les deux premiers, appartient à un autre monde musical wagnérien. Dans l’intervalle se sont insérés rien moins que les Maîtres-Chanteurs et Tristan, et le prélude du troisième acte est d’une couleur très différente des deux premiers. C’est un formidable enchevêtrement de rythmes et de motifs, celui d’Erda, celui des Traités, la chevauchée des violons, les appels des cuivres… L’orchestre, particulièrement rutilant, donne plus que jamais à l’auditeur l’impression qu’il est immergé dans la matière sonore.

Aux appels d’une puissance impressionnante, « Wache, Wala », de Tomasz Konieczny répondra l’apparition de Erda qui appartient elle aussi au registre du fantastique. Elle surgira ici dans l’embrasure d’une fenêtre, fluide silhouette élégante dans une robe blanche dansante, le visage masqué d’un tulle. Jolie idée que de faire de cette déesse-mère une jeune femme, qu’il appelle pour lui demander s’il existe un moyen d’échapper à la perte de son pouvoir. Dommage que la voix d’Anna Danik, voix de mezzo, n’ait pas toute la projection qu’il faudrait pour surmonter la puissance de l’orchestre avec le sombre éclat qu’on aimerait.

Dès que le Wanderer l’aura renvoyée d’où elle vient, apparaîtra pour une scène de comédie placée là par ce vieux roublard de Wagner un Siegfried plus chien fou que jamais. Wotan l’interroge… Qui es-tu, où vas-tu ? Et ça tourne mal : « Pourquoi te moques-tu de moi, vieux questionneur, toute ma vie un vieillard s’est mis en travers de ma route… », le ton monte et les leitmotives défilent en rang serré, ceux du Walhalla, du malheur des Wälsungen, des Traités, et enfin, quand Siegfried aura brisé la lance, ceux du Crépuscule, des flammes, du Cor, du sommeil de Brünnhilde. De la comédie on sera passé au drame. Wagner montre là tout son talent de dramaturge et de psychologue pour évoquer la soudaine détresse de Wotan, blessé par l’insolence de son petit-fils. Un Dieu vaincu, décidément trop humain… que Tomasz Konieczny dessine vocalement avec délicatesse.

Tomasz Konieczny et Klaus Florian Vogt © Monika Ritterhaus

Tomasz Konieczny et Klaus Florian Vogt © Monika Ritterhaus

Un léger bémol

On l’a compris, nous avons beaucoup aimé ce Siegfried, mais nous allons tout de même glisser un bémol. Nous avions écrit, à propos de la Walkyrie, notre légère déception de la Brünnhilde de Camilla Nylund. Même si la scène des adieux avait été particulièrement bouleversante, avec notamment ce mouvement de consolation qui la faisait étreindre avec tendresse un Wotan désemparé, la voix de la soprano finlandaise nous avait semblé sur les confins de ses possibilités.

La très longue scène qui va commencer ici, scène capitale, sans doute le cœur du réacteur de la Tétralogie, manière de prélude à Götterdämmerung, n’aura pas (à notre sens) toute l’intensité qu’on attendrait, et même Noseda nous semblera moins inspiré que jusqu’alors.
On le sait, ce long éveil de Brünnhilde suivi d’un duo amoureux, écrit sous l’influence de Tristan, dure une bonne quarantaine de minutes et exige des moyens vocaux considérables, et de surcroît cueille à froid un soprano qu’on n’a pas encore entendue.

Camilla Nylund et Klaus Florian Vogt © Monika Ritterhaus

 

Camilla Nylund et Klaus Florian Vogt @ Monika Ritterhaus

Le combat de l’amour et du pouvoir

Après un long rideau, apparaît donc sur une scène dégagée le rocher tel qu’on l’a laissé à la fin de la Walkyrie. A l’orchestre se distille toute la clarté de la polyphonie wagnérienne, la clarinette basse s’entremêle aux arpèges de harpe, tout cela respire, et montent une sublime phrase des cordes, puis, sitôt les premiers mots de Siegfried, « Selige Öde auf sonniger Höh ! » le thème de l’émerveillement à la clarinette.
Les phrasés exquis de Klaus Florian Vogt, et surtout la clarté de son timbre, la fraÎcheur de ce qu’il communique, à la fois démuni, touchant, simple, crédible, lumineux comme l’est son Lohengrin, illuminent la découverte de Brünnhilde endormie et son « Das ist kein Mann » qui fait sourire la salle.
Tout cela déroulé sur un tempo lentissime par Noseda. Enfin, sur un appel des cordes, un friselis des violons et des arpèges de harpe, montera l’éveil de Brünnhilde « Heil dir Sonne ! Heil dir Licht » sur un accord très plein (avec beaucoup de tuba…). Très vite on aura l’impression que les deux voix toucheront l’une comme l’autre à leurs limites, Camilla Nylund s’affrontant à une ligne très tendue, demandant à la fois de l’ampleur et de l’homogénéité. Sans parler de la puissance pour passer par dessus un orchestre très sonore.

Et puis, à partir de « Ewig war ich, ewig bin ich – J’étais éternelle, je suis éternelle », moment de grâce où tout s’apaise, et où monte aux cordes l’exquise Siegfried Idyll, tout sera merveilleusement lyrique, limpide et musical, et enfin, sur le leitmotiv de Siegfried, viendra la péroraison « Wie des Blutes Ströme » où les deux voix au sommet de leur puissance l’une et l’autre mettront un point final ardent à cette représentation superbe.

Jusqu’ici, dans la Tétralogie, long duel entre le pouvoir et l’amour, c’est toujours le pouvoir qui avait triomphé.
Dans le combat qui s’achève ici, les Dieux ont perdu la partie et c’est l’amour humain qui est vainqueur.
Tout s’achève dans un ut majeur rayonnant.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est siegfried_ah_297_c_monika_rittershaus-1024x768.jpeg.

Klaus Florian Vogt © Monika Ritterhaus

 

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14 mars 2023, 17h

Prochaines représentations les 18, 22, 26 mars 2023

 

 

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