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Déjeuner sur l’herbe

Zurich
Opernhaus
02/10/2023 -  et 16*, 19, 24 février, 1er mars 2023
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Eugène Onéguine, opus 24
Stefanie Schäfer/Liliana Nikiteanu* (Madame Larina), Ekaterina Sannikova (Tatiana), Rachael Wilson (Olga), Irène Friedli (Filippievna), Igor Golovatenko (Eugène Onéguine), Benjamin Bernheim (Lenski), Vitalij Kowaljow*/Brent Michael Smith (Le Prince Grémine), Nathan Haller (Monsieur Triquet), Amin Ahangaran (Un Lieutenant, Zaretzki)
Chor der Oper Zürich, Ernst Raffelsberger (préparation), Philharmonia Zürich, Gianandrea Noseda (direction musicale)
Barrie Kosky (mise en scène), Claudia Blersch, Sabina Aeschlimann (reprise de la mise en scène), Rebecca Ringst (décors), Klaus Bruns (costumes), Franck Evin (lumières), Beate Breidenbach (dramaturgie)


(© Monika Rittershaus)


Cette reprise d’Eugène Onéguine à l’Opernhaus de Zurich attire les mélomanes en raison principalement de la présence dans la distribution de Benjamin Bernheim en Lenski. Incarnant un poète juvénile, insouciant et désinvolte, son « Kuda, kuda » (« Où avez‑vous fui, jours radieux de ma jeunesse ?  ») est incontestablement le moment fort de la soirée : le chant est solaire, les aigus lumineux, le phrasé impeccable, avec de surcroît de belles nuances et de splendides pianissimi. On attend désormais avec impatience son Roméo ici même dans deux mois. Voix ronde et ample, bien timbrée et homogène sur toute la tessiture, ne démontrant aucun signe de fatigue, même après l’air de la lettre si éprouvant, Ekaterina Sannikova est une Tatiana ardente et passionnée, aux sentiments particulièrement exacerbés. L’Olga lumineuse et enjouée de Rachael Wilson, à l’émission grave et corsée, en est le contrepoint idéal. On mentionnera aussi la nourrice tendre et souriante d’Irène Friedli. Dans le rôle‑titre, Igor Golovatenko ne convainc pas entièrement, en raison de sa voix parfois rocailleuse, de son timbre uniforme et de son émission ne semblant viser que la puissance sonore ; dommage, on aurait aimé un Onéguine un peu plus nuancé et raffiné. De raffinement et de noblesse, Vitalij Kowaljow n’en manque pas, en Prince Grémine se permettant le luxe d’une reprise de son air avec de superbes nuances. A la tête du Philharmonia Zürich, Gianandrea Noseda offre une lecture à la fois lyrique et enflammée de la partition de Tchaïkovski, dans un souci constant d’équilibre entre la fosse et le plateau, car dans une salle aussi intimiste que celle de l’Opernhaus les chanteurs peuvent être vite couverts, ce qui n’est heureusement pas le cas ce soir.


Coproduite avec la Komische Oper de Berlin et présentée pour la première fois à Zurich en septembre 2017, la production de Barrie Kosky fait table rase des ors des palais de Saint‑Pétersbourg et du folklore russe qui lui est associé pour situer l’action dans un jardin. Un jardin dans lequel Tatiana écrit sa lettre avant que les invités de Madame Larina se réunissent pour un déjeuner sur l’herbe. Le duel entre Onéguine et Lenski se déroule dans ce même jardin. Onéguine arrive seul à l’heure convenue et s’approche de son ami pour tenter de le dissuader de se battre, mais ce dernier veut laver son honneur à tout prix, ce qui contraint Onéguine à choisir comme second un des invités de la fête, passablement éméché. Si la réception au palais du Prince Grémine du dernier acte a lieu, elle, entre les murs d’une grande pièce, ceux‑ci seront rapidement démontés par une équipe de techniciens pour permettre à Tatiana et à Onéguine de se retrouver dans le jardin où ils se sont rencontrés. Barrie Kosky réussit la gageure de faire du chef‑d’œuvre de Tchaïkovski, tellement russe s’il en est, une histoire intemporelle et universelle, intense et émouvante dans sa sobriété.



Claudio Poloni

 

 

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