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Une Traviata dans un moment d’exception

Madrid
Teatro Real
07/01/2020 -  et 2, 3, 4, 5, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13*, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29 juillet 2020
Giuseppe Verdi: La traviata
Marina Rebeka/Ruth Iniesta/Ekaterina Bakanova*/Lana Kos/Lisette Oropesa (Violetta Valéry), Sandra Ferrández (Flora Bervoix), Marifé Nogales (Annina), Michael Fabiano/Ivan Magrì/Matthew Polenzani*/Ismael Jordi (Alfredo Germont), Artur Rucinski/Nicola Alaimo/Luis Cansino*/Javier Franco (Giorgio Germont), Albert Casals (Gaston de Létorières), Isaac Galán (Baron Douphol), Tomeu Bibiloni (Marquis d’Obigny), Stefano Palatchi (Le docteur Grenvil), Emmanuel Faraldo (Giuseppe), Elier Munoz (Un messager), Carlos García (Un valet de Flora)
Coro Titular del Teatro Real (Coro Intermezzo), Andrés Máspero (chef de chœur), Orquesta Titular del Teatro Real (Orquesta Sinfónica de Madrid), Nicola Luisotti*/Luis Méndez Chaves (direction musicale)
Leo Castaldi (conception scénique), Carlos Torrijos (lumières)


Tous les commentaires à propos de La Traviata du mois de juillet au Teatro Real sont vrais. Le phénomène est trop important pour céder à la tentation du compte rendu critique. On n’insistera pas sur l’émotion provoquée par le courage de l’équipe du Teatro Real. Il y a des plumes fortes en lyrisme qui nous ont assez émus. Bravo pour le Teatro Real! Mais il faut dire surtout qu’il y a plusieurs distributions d’un niveau éminent (cinq Violetta, quatre Alfredo, quatre Germont). Du 1er au 29 juillet, presque tous les jours (vingt-sept représentations), il ya une Traviata au Teatro Real comme témoignage de continuité, mais aussi comme affirmation de la personnalité artistique acquise par le théâtre madrilène. Il ne s’agit pas d’une mise en scène, mais le spectacle va au-delà de la mise en espace. Les scènes de fête et danse disparaissent, bien sûr, mais parfois les moments intimes sont plus puissants que d’habitude. En revanche, des scènes comme celle de la mort de Violetta et quelques situations du deuxième acte souffrent par la distanciation entre les personnes imposée par les circonstances.


La distribution que nous avons vue était tout à fait excellente, avec une Violetta d’exception de la soprano russe Ekaterina Bakanova, dont la voix souple mais aussi épaisse, lyrique et en même temps tout à fait dramatique lui permet de réussir la construction d’un personnage riche et très nuancé. Les qualités de sa voix lui ont autorisé des rôles comme Musetta et Micaëla, mais aussi des rôles pleinement belcantistes comme Donna Anna ou Maria Stuarda. On ne jouit pas souvent d’une interprétation, d’une voix si pénétrante, d’un sens si profondément théâtral tels que ceux de la Violetta de Bakanova.


Matthew Polenzani, puisant ténor lyrique, montre parfois des capacités inattendues de légèreté. Par exemple, il commence «Parigi, o cara» avec légèreté et la reprise est celle d’un ténor lyrique exalté. Une construction du rôle d’homme mur, pas du tout le jeune étourdi et rêveur qui a dominé l’image d’Alfredo (pas toujours celle des interprètes) pendant des décennies.


Une surprise: Luis Cansino dans le rôle de Germont père. Mais ce n’était pas une surprise pour tout le monde. Cansino est bien connu dans les milieux lyriques. Son Germont n’est pas celui d’un acteur – ce n’est pas là qu’il faut aller chercher ses qualités – mais plutôt celui d’une voix forte, puissante, profonde.


On sait comment on peut se rendre compte de la qualité d’une voix dans un rôle guère généreux par sa durée. La mezzo Marifé Nogales montre la formidable qualité de sa voix, ronde et mure, ne se limitant pas à la soubrette, dans le rôle d’Annina. Après tout, elle a chanté Cherubino et Zerlina, et aussi une belle quantité de zarzuelas.


Sandra Ferrández, aussi une belle voix de mezzo, est très à l’aise, voire heureuse, dans le rôle de Flora Bervoix, dominant sa partie avec ses atouts lyriques et dramatiques: élégance, éloquence de la voix dans un rôle n’offrant pas de moments brillants. C’est comme s’il y avait quelque raillerie dans le développement de son rôle, réaffirmé par sa façon spécialement stylisée de se présenter face au public au moment des applaudissements.


L’espace scénique de Leo Castaldi (des ambiances suggérées, meubles et accessoires) suffit au développement du drame intime, appuyé par l’excellence du déploiement purement théâtral des rôles principaux et du reste de la distribution. Une belle prestation du chœur dirigé par Máspero, encore une réussite pour cet ensemble, comme d’habitude. Deux chefs pour tout un mois de Traviata. Lundi 13, Nicola Luisotti dirigeait la formation du Teatro Real avec cet art de la nuance verdienne qu’il connaît bien: la transition entre le quotidien et le pathos, un pathos jamais outré, un quotidien jamais banal.


Une réussite du Teatro Real dans des moments difficiles, exceptionnels pour (parmi tous les secteurs) le théâtre, le chant, la musique, la culture.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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