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Nouvelle production de Fidelio à Vienne
04/18/2020


Vienne, Theater an der Wien, 16 mars 2020


Ludwig van Beethoven : Fidelio, opus 72
Nicole Chevalier (Leonore), Eric Cutler (Florestan), Gábor Bretz (Don Pizarro), Christof Fischesser (Rocco), Mélissa Petit (Marzelline), Benjamin Hulett (Jaquino), Károly Szemerédy (Don Fernando), Johannes Bamberger, Dumitru Mădărasăn (Gefangene)
Arnold Schoenberg Chor, Erwin Ortner (chef de chœur), Wiener Symphoniker, Manfred Honeck (direction musicale)
Christoph Waltz (mise en scène), Barkow Leibinger (décors), Judith Holste (costumes), Henry Braham (lumières)



(© Monika Rittershaus)


Audience virtuelle


Cette année, Vienne, ville de Beethoven, a programmé pour le deux cent cinquantième anniversaire de sa naissance dans trois théâtres différents les trois versions de Fidelio. Bel exemple d’adaptation aux circonstances, le Fidelio du Theater an der Wien, qui devait être l’événement de la saison viennoise, a été filmé le 16 mars malgré la fermeture des théâtres et connaît une belle diffusion télévisée et par Internet.


Le Theater an der Wien, théâtre même de sa création en 1805 en pleine invasion napoléonienne, avait programmé la deuxième version de l’opéra, version remaniée en deux actes en 1806, donnant une importance plus grande aux personnages secondaires. Evénement attendu, le comédien autrichien Christoph Waltz, célébrité nationale aux deux Oscars hollywoodiens pour les rôles du Colonel SS Hans Landa dans Inglourious Basterds et du dentiste King Schultz dans Django Unchained de Quentin Tarantino, réalise sa troisième mise en scène lyrique après Le Chevalier à la rose et Falstaff à l’Opéra des Flandres. La première devant avoir lieu peu après la décision de fermeture des théâtres à Vienne, le spectacle a été filmé devant une salle vide et diffusé par la télévision autrichienne ORF 2. Un bel exemple de sauvetage en ces temps où tant de spectacles en cours de préparation ou répétition ont été tout simplement annulés. Arte a rediffusé le lundi de Pâques et garde en replay jusqu’au 2 mai ce Fidelio promis à une belle carrière télévisée et qui, en attendant, cartonne sur les sites de streaming.


S’il est un opéra qui peut parler d’actualité en ces temps de confinement, c’est bien Fidelio, qui traite de l’amour conjugal, de l’injustice de l’emprisonnement arbitraire d’un homme libéré par le courage de sa femme qui se déguise en homme pour se faire embaucher dans la geôle où il a été jeté. Les droits de l’homme sont aussi évoqués par un formidable chœur de prisonniers. Le dispositif imaginé par l’architecte germano-américain Barkow Leibinger est spectaculaire: un immense escalier en double hélice qui occupe toute la scène, surplombé d’une ouverture en forme d’œil vers la lumière et la liberté. On admire l’adresse du réalisateur du film Felix Breisach pour avoir donné vie à un tel dispositif. La direction d’acteurs de Christoph Waltz est très sobre et concentrée sur les rapports profonds entre les personnages du drame tous habillés de façon intemporelle, un théâtre minimaliste superbement éclairé par Henry Braham et d’une redoutable efficacité. Dans le second acte, Léonore et Florestan, même une fois libérés, restent à distance l’un de l’autre comme si la vie n’était plus comme avant.


La distribution réunie, sans être de premier plan, est très équilibrée. Nicole Chevalier (Fidelio) et Eric Cutler (Florestan) ont les justes moyens de leurs rôles écrasants (même dans cette version moins exigeante) et, contrairement à ce que l’on voit trop souvent, sont crédibles physiquement. Les personnages secondaires sont exemplaires, autant le truculent Rocco de Christof Fischesser que le Pizarro assez brutal de Gábor Bretz . Le couple Marcelline-Jaquino est plein de charme et de fraîcheur vocale (Mélissa Petit et Benjamin Hulett). Le Chœur Arnold Schoenberg est superlatif et Manfred Honeck dirige les Wiener Symphoniker avec une énergie vibrante pour l’unique opéra de Beethoven. Aux saluts, en l’absence de public, toute l’équipe vient sur scène, orchestre et techniciens compris et se congratulent à juste titre devant un si belle entreprise disponible sur plusieurs plateformes musicales Internet de streaming (Medici TV, Myfidelio.at, Arte Concert...).


Olivier Brunel

 

 

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