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Sobre et poétique

Vienna
Volksoper
05/20/2019 -  et 22, 26, 30* mai, 4, 15, 24, 28 juin 2019
Richard Rodgers : Carousel
Lisa Habermann (Julie Jordan), Ben Connor (Billy Bigelow), Johanna Arrouas (Carrie Pipperidge), Jeffrey Treganza (Enoch Snow), Stephanie Houtzeel (Nettie Fowler), Christian Graf (Jigger Craigin), Regula Rosin (Mrs. Mullin), (Heavenly Friend), Nicolaus Hagg (David Bascombe), Jil Clesse (Arminy), Robert Meyer (Sternwart, Dr. Seldon), Astrid Renner (Louise), Lorna Dawson (Mrs. Bascombe), Eva Prenner (1st woman), Victoria Demuth (2nd woman)
Chor der Volksoper Wien, Thomas Böttcher (chef de chœur), Orchester der Volksoper Wien, David Charles Abell (direction musicale)
Henry Mason (mise en scène), Jan Meier (décors, costumes), Guido Petzold (lumières), Francesc Abós (chorégraphie)


B. Connor, C. Graf (© Volksoper Wien)


Après l’extrait donné ici même l’an passé à l’occasion du concert de gala des 120 ans du Volksoper, la comédie musicale Carousel (1945) fait son retour à Vienne dans une production intégrale et réjouissante de bout en bout, et ce malgré l’exotisme d’une version chantée en allemand. Créé en 2018, ce spectacle bénéficie d’une mise en scène qui joue la carte d’une sobriété élégante et délicatement poétique, où les tableaux s’enchaînent rapidement à vue. Avec peu de moyens, Henry Mason colle toujours au plus près des moindres inflexions musicales, donnant à sa direction d’acteur une dynamique toujours liée à l’action dramatique. Il choisit de nous plonger d’emblée dans l’univers forain pittoresque et fantasque du livret, adapté de la pièce de théâtre Liliom (1909) de Ferenc Molnár: le contexte misérable de la pièce n’est cependant jamais montré ici, Mason jouant à plein le tourbillon virevoltant et éclatant propre à la comédie musicale. C’est là en effet l’une des limites de cet ouvrage, certes délicieux dans l’invention mélodique et orchestrale au I, mais qui surprend au II autant par la place importante laissée au ballet que par son refus d’illustrer musicalement les affrontements violents entre Billy et Julie. De même, le cambriolage raté, comme les scènes dans l’au-delà, auraient pu justifier l’écriture d’une musique davantage haute en couleur, à même de dépasser les conventions du genre. Quoi qu’il en soit, malgré l’absence totale de surtitres (contrairement à la production de La Flûte enchantée vue l’avant-veille), le spectacle reste agréable.


Il est vrai que le plateau vocal donne beaucoup de satisfactions, tout particulièrement au niveau féminin. Ainsi de la délicieuse et fragile Julie de Lisa Habermann, comme de son amie Carrie interprétée par une Johanna Arrouas admirable de caractère. Outre ses qualités théâtrales, cette dernière se distingue par son aisance vocale sur toute la tessiture et ses phrasés percutants. On aime aussi grandement la classe vocale de Regula Rosin (Mrs. Mullin), très applaudie en fin de représentation. Un cran en dessous, les hommes affichent des qualités disparates. Si Ben Connor (Billy) a pour lui l’abattage vocal et la puissance, on regrette son interprétation par trop monolithique. A l’inverse, Christian Graf (Jigger Craigin) compense au niveau théâtral quelques imperfections techniques, tandis que Jeffrey Treganza (Snow) se distingue par une morgue bienvenue. On mentionnera enfin, outre des chœurs admirables de cohésion et de précision, la direction inspirée de David Charles Abell qui semble se délecter de la mise en valeur des différents climats. Sans jamais couvrir les chanteurs, son geste narratif fait chanter un bel orchestre du Volksoper, toujours très engagé. De quoi recommander chaleureusement cette reprise, à voir jusqu’au 28 juin prochain.



Florent Coudeyrat

 

 

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