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ENTRETIENS 29 mars 2024

Jorge Lavelli,
le grand retour Ă  Toulouse

© Photo Lot

Il est une légende, un mythe de la mise en scène. Jorge Lavelli, réinventeur jadis au Palais Garnier d’un Idoménée et d’un Faust historiques, revient à l’opéra à Toulouse. Non pas au Capitole fermé pour travaux, mais sous les voûtes de la Halle aux Grains, où il présente en ouverture de saison Simon Boccanegra de Verdi.
 

Le 09/10/2009
Propos recueillis par Nicole DUAULT
 



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  • Pourquoi une si longue absence ?

    À l’Opéra de Paris, il y avait des gens qui ne m’aimaient pas beaucoup. Alors j’ai travaillé ailleurs, à Venise, où j’ai monté à la Scuola Grande di San Giovanni Evangelista Siroe de Haendel, repris à Brooklyn, et Cecilia de Charles Chaynes à Monaco puis en Avignon.

     

    Allez-vous revenir à l’Opéra de Paris ?

    Cela ne dépend pas de moi ! Pour l’instant, c’est Simon Boccanegra à la Halle aux grains de Toulouse, puis l’année prochaine, à Varsovie, un opéra fondé sur Polyeucte de Corneille.

     

    Simon Boccanegra Ă  Toulouse marque votre grand retour.

    Oui. C’est un opéra étrange avec quelques faiblesses dramaturgiques. Verdi l’a monté en 1857 à la Fenice de Venise où ce fut un échec. Il l’a laissé de côté pendant quelque trente ans puis il l’a repris à la Scala où ce fut un immense succès. C’est un opéra qui pose certaines questions qui m’échappent. Entre le prologue et le premier acte, il se passe vingt-cinq ans. Il faut être très attentif aux événements. La construction est assez libre et, musicalement, c’est du grand Verdi avec de la sensibilité, de l’émotion.

     

    Que représente cet opéra ?

    C’est surtout un opéra politique. Verdi s’est identifié à bien des personnages. Boccanegra est ainsi le porte-parole de Verdi qui, nationaliste, combattait l’Autriche pour la libération de son pays et pour l’unité italienne. Verdi trouve là, dans cette histoire du XIVe siècle, l’occasion d’exprimer ses idées politiques. Cet appel à l’unité, à la tolérance, permet une réflexion sur l’Italie, certes, mais aussi sur l’Europe.

    Je le monte à l’époque du compositeur. Ce qui m’importe, c’est que le public sache que l’opéra, tel que je le mets en scène, ne se déroule pas de nos jours et également pas au Moyen Âge. C’et un ouvrage qui a des moments extraordinaires, mais aussi des faiblesses propres à l’époque : on doit passer par des moments sentimentaux. Il faut qu’il y ait une soprano et un ténor qui s’aiment ainsi qu’une opposition à cette union.

     

    Quels en sont les grands moments ?

    Le plus important, c’est la rencontre entre les deux ennemis Boccanegra et Fiesco, qui représente la noblesse, la vieille famille traditionnelle italienne, celle qui achetait des villes et y formait un petit royaume. Ce combat est un moment très fort du troisième acte. Le final, exaltant et grave à la fois, est shakespearien.

    Mais un autre thème, le retour au présent sans oublier le passé, est attrayant. Il donne du poids à la structure de l’ouvrage et à l’intérêt que l’on peut lui porter. J’occupe l’espace de la Halle aux grains dans sa totalité, notamment avec les chœurs qui sont magnifiques. Ils comptent quatre-vingts choristes. C’est énorme. C’est une production sans aucun élément décoratif. J’ai exploité l’espace de cet hexagone qu’est la Halle aux grains au maximum. L’éclairage est très important.

     

    Quel a été au Palais Garnier, en dehors de Faust, votre production la plus importante ?

    Oedipus Rex. Il y a eu encore l’Enfant et les sortilèges, Madame Butterfly, Salomé, la Célestine de Maurice Ohana qui a été un succès inattendu ou encore, à la Bastille, Medea de Rolf Liebermann.

     

    Votre production la plus marquante a été Faust. Peut-on encore faire un Faust après vous ?

    Ce Faust a proposé une ouverture, une autre dimension. Il a trouvé une résonnance de la fable sur le plan social. L’homme est double et même multiple, mais le Faust de Gounod est très français. Il est bien loin de l’œuvre de Goethe.

     

    Si on vous demandait aujourd’hui de mettre en scène une œuvre pour l’Opéra de Paris, à laquelle penseriez-vous ?

    Aux Soldats de Zimmerman par exemple. C’est un ouvrage fort, exceptionnel, qu’on laisse tomber comme si les spectateurs n’étaient pas capables d’entrer dans l’univers de la guerre, alors qu’on vit tous les jours, par la télévision, dans ce même univers. Mais mon rêve serait Parsifal, le premier opéra que j’ai vu à l’âge de 12 ans. Il m’a toujours impressionné.




    À voir :
    Simon Boccanegra de Verdi, mise en scène Jorge Lavelli, direction Marco Armiliato, Halle aux grains, Toulouse, jusqu’au 20 octobre.

     

    Le 09/10/2009
    Nicole DUAULT


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