Publicité
Critique

« Eliogabalo », monstre sage à l'Opéra de Paris

ECH22279043_1.jpg

Par Philippe Venturini

Publié le 19 sept. 2016 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

L'Opéra de Paris a placé la rentrée sous le signe de la nouveauté : « Eliogabalo » de Cavalli y est représenté pour la première fois et confié à une jeune équipe qui y fait aussi ses débuts. L'entreprise n'est pas sans risques. Cet opéra, archétypal du XVIIe siècle vénitien, repose sur un livret impliquant moult personnages en de complexes chassés-croisés amoureux et sur une partition où la frontière entre le parlé et le chanté reste perméable. Malgré ces nombreux obstacles, la production réussit honorablement l'examen de passage.

On pouvait, certes, attendre de Thomas Jolly, reconnu pour ses mises en scène dynamiques de Shakespeare, une réalisation plus audacieuse, plus foisonnante, plus baroque. Le sujet l'y incite. Cet Eliogabalo, « langoureux, efféminé, amoureux, lascif », empereur romain à quatorze ans, ne semble, en effet, obéir qu'à ses pulsions. Mégalomane, il n'hésite pas à se comparer à Jupiter et s'autorise ainsi toutes les amours, féminines et masculines. Fidèle à son esthétique, Thomas Jolly installe le drame dans un environnement sombre (décor très bas de gamme de Thibaut Fack, costumes rétro-futuristes de Gareth Pugh) que percent et structurent les faisceaux lumineux de son complice Antoine Travert. Sans doute un peu trop sage, ce spectacle a le mérite de se dispenser des gadgets à la mode qui masquent souvent le manque d'idées et, surtout de rester lisible et de suivre le livret. Les rapports entre les personnages, si importants, sont fort bien analysés et les personnalités cernées avec précision.

La passion du chef argentin

En invitant Leonardo Garcia Alarcón, l'Opéra de Paris ne pouvait pas se tromper. Le chef argentin est l'un des meilleurs connaisseurs de Cavalli et du baroque italien qu'il défend avec passion et générosité. Il réunit dans la fosse du Palais Garnier, pour des raisons acoustiques, un orchestre bien plus important que ce que les théâtres vénitiens d'alors proposaient. Il en fait un des acteurs principaux du drame, toujours prompt à donner l'impulsion ou à se lover dans une de ces marches harmoniques et ces douloureux « lamentos » qui rendent la musique de Cavalli si lyrique et sensuelle.

Publicité

La distribution est convenable. Si le contre-ténor Franco Fagioli est à la hauteur de sa réputation dans le rôle-titre (richesse du timbre, virtuosité), Paul Groves et Valer Sabadus ont paru en petite forme. Elin Rombo, Mariana Flores et Emiliano Gonzales Toro sont, en revanche, des modèles de musicalité et d'intelligence dramatique.

Philippe Venturini

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité