vendredi 29 mars 2024

Compte-rendu, opéra. Anvers, Opéra de Flandre, le 19 février 2016. Verdi : Otello. Ian Storey, Corinne Winters, Vladimir Stoyanov…

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique et à l’opéra - et notamment avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

Il serait difficile d’imaginer une production d’Otello plus noire que celle de Michael Thalheimer à l’Opéra de Flandre. Tout y est funèbre, au propre comme au figuré. Le visage peint en noir, Otello n’a droit également qu’a des vêtements noirs, comme d’ailleurs les membres du chœur et le reste de la distribution. Seules la robe de mariée et le mouchoir de Desdemona échappe à cette sombre teinte, de même qu’ils sont les seuls accessoires d’une scénographie (un bloc noir signé par Henrik Ahr) au dépouillement extrême. Et le spectacle ne laisse aucune place au moindre rayon lumineux, hors la scène finale où les parois pivotent légèrement pour laisser passer un peu de lumière blanche, pendant le meurtre de Desdemone, qu’Otello étouffe avec sa robe de mariée…

 

 

 

NOIR OTELLO à l’Opéra de Flandre

 

 

0tello2Prévu en seconde distribution, Zoran Todorovitch laisse finalement la place – dans le rôle-titre – à son collègue Ian Storey. S’il possède l’endurance requise, le ténor britannique offre, en revanche, un timbre plutôt ingrat et un chant qui manque de projection et de puissance, bémols néanmoins compensés par une crédibilité et une vérité scéniques saisissantes. La Desdemone de la soprano américaine Caroline Winters, dans sa rectitude psychologique, est convaincante dès sa première apparition. La voix est lumineuse et la technique appréciable, avec un beau legato qui fait merveille au dernier acte pendant la fameuse « chanson du saule » – et un refus de tout effet extérieur qui la rend profondément émouvante. Le timbre du chanteur bulgare Vladimir Stoyanov manque de cet éclat et de cette noirceur qu’on serait en droit d’attendre d’un grand Iago. Il joue le traître sur un mode retenu, avec classe et bonhomie, mais reste en dessous du rôle. Membre de la troupe de l’Opéra de Flandre (Opera Vlaanderen), Adam Smith (Cassio) confirme l’évolution positive d’un ténor dont l’émission gagne toujours en stabilité et en puissance, tout en conservant une souplesse fluide sur l’étendue de la tessiture. Du côté des emplois plus courts, personne ne retient l’attention, hors l’Emilia volontaire et bien timbrée de Kai Rüütel. Quant aux chœurs maisons, ils sont dignes de leur réputation : puissants, colorés, d’une cohésion jamais prise en défaut. A la tête d’un Orchestre Symphonique de l’Opéra de Flandre admirablement disposé, le chef Alexander Joel – grand habitué de la maison flamande – offre une direction serrée, tendue et haletante de la partition de Verdi, conférant notamment beaucoup de force et de dynamisme aux scènes d’ensemble. Il est pour beaucoup dans le succès de la soirée, couronnée – comme toujours à Anvers (peu importe la qualité du spectacle…) – par une standing ovation.

 

 

 

Compte-rendu, opéra. Anvers, Opéra de Flandre, le 19 février 2016. Verdi : Otello. Avec Ian Storey (Otello), Corinne Winters (Desdemona), Vladimir Stoyanov (Iago), Adam Smith (Cassio), Kai Rüütel (Emilia), Stephan Adriaens (Roderigo), Leonard Bernad (Lodovico), Patrick Cromheeke (Montano). Michael Thalheimer (mise en scène), Henrik Ahr (décor), Michaela Barth (costumes), Stefan Bolliger (lumières). Chœur et Orchestre de l’Opéra de Flandre. Jan Schweiger (direction du Chœur). Alexander Joel (direction musicale).

Photo © Annemie Augustijns

 

 

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