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Vive Britten !

Nice
Opéra
01/20/2016 -  et 22, 24 janvier 2016
Benjamin Britten : Death in Venice, opus 88
Hans Schöpflin (Gustav von Aschenbach), Davide Damiani (Voyageur, Vieux dandy, Vieux gondolier, Directeur de l’hôtel, Guide à Venise, Barbier de l’hôtel, Chef des musiciens, Voix de Dionysos), James Laing (Voix d’Apollon), Karine Ohanyan (Mère allemande, Mendiante), Frédéric Diquero (Verrier, Musicien ambulant), Richard Alexandre Rittelmann (Père allemand, Employé anglais), Luciano Montanaro (Serveur du bateau et du restaurant)
Chœur de l’Opéra de Nice, Orchestre philharmonique de Nice, Roland Böer (direction musicale)
Hermann Schneider (mise en scène), Bernd Franke (décors), Irina Bartels (costumes), Ivan Alboresi (chorégraphie), Hervé Gary (lumières)


(© Dominique Jaussein)


Après avoir offert au public niçois un superbe Peter Grimes l’an passé, Marc Adam (dont le contrat n’a pas été prolongé par la municipalité) ose, pour sa dernière saison, Mort à Venise du même Benjamin Britten. La rareté de l’ouvrage – testament lyrique du compositeur anglais – peut s’expliquer par l’ambiguïté du sujet, avec lequel Britten dit ouvertement ce qu’il avait soigneusement maquillé dans Billy Budd ou Le Tour d’écrou. L’ouvrage manque aussi d’action et de théâtralité, l’essentiel du livret étant constitué par le long monologue intérieur du personnage principal, anti-héros par excellence, et ses réflexions existentielles et philosophiques. Les deux actes comportent plus de dix-sept scènes, souvent très courtes et situées dans des lieux différents, qui doivent s’enchaîner sans temps mort, ainsi qu’un nombre important de personnages secondaires presque réduits à l’état de silhouettes.


Disons d’emblée que l’Opéra de Nice inscrit Mort à Venise à son répertoire dans des conditions scéniques et musicales tellement optimales qu’elles balayent – comme par enchantement – tous les problèmes posés par l’ouvrage. Avec une belle maestria, le metteur en scène allemand Hermann Schneider transcende toutes les difficultés soulevées par la mise en images de cette réflexion sur l’art et la mort dans le cadre d’une Venise fantomatique. Avec un décor unique mais modulable, pour laisser apparaître eau et ciel de la Lagune, et surtout grâces aux magnifiques projections vidéos signées par Paulo Correia, sublimées par les éclairages d’Hervé Gary, la Sérénissime nous est restituée dans sa poésie décadente et sa beauté morbide.


L’Allemand Hans Schöpflin est très engagé – physiquement et vocalement – dans les tourments d’Aschenbach. En plus d’un phrasé admirablement varié et aux inflexions intenses, sa diction s’avère un modèle, dans une tessiture particulièrement exigeante pour un ténor. A ses côtés, le superbe baryton italien Davide Damiani se montre très efficace dans les sept figures diaboliques qui conduisent le héros vers sa fatale destinée. James Laing traduit l’exacte portée des interventions de la Voix d’Apollon: un message vers l’ailleurs. Tous les comprimari mériteraient d’être cités mais nous en détacherons le percutant baryton suisse Richard Alexandre Rittelmann (dans son double rôle de Père allemand et d’Employé anglais).


On saluera, enfin, la magnifique prestation de l’Orchestre philharmonique de Nice, sous la direction de Roland Böer : ensemble, ils s’engagent à fond dans la complexe orchestration de Britten, avec des résultats particulièrement exaltants dans les paroxysmes dramatiques.



Emmanuel Andrieu

 

 

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