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Féerie et épouvante en direct du Metropolitan Opera

La soprano Anna Netrebko dans Iolanta. Marty Sohl/Metropolitan Opera

Pathé Live diffuse aujourd'hui, dans ses cinémas, les opéras « Iolanta » et « Le Château de Barbe-Bleue » dirigés par Gergiev.

Anna Netrebko, Piotr Beczala, Mikhaïl Petrenko, Valery Gergiev… Pour sa nouvelle production, associant Le Château de Barbe-Bleue de Bartok et Iolanta de Tchaïkovski, le Metropolitan Opera n'a pas failli à sa réputation de distributeur hors pair. Et si l'émotion musicale est bel et bien au rendez-vous, la salle associe au plaisir de l'ouïe la stupéfaction des yeux.

Il est tout à l'honneur de la star chérie du Met, Anna Netrebko, d'avoir âprement défendu ces dernières années les couleurs symbolistes de ce chef-d'œuvre oublié qu'est Iolanta: conte lyrique créé en 1892 pour compléter le ballet Casse-noisette (c'est d'ailleurs avec lui qu'il sera donné la saison prochaine à Paris). Mais c'est au cinéaste polonais Mariusz Trelinski que l'on doit l'idée de confronter ce féerique ouvrage au glaçant Château de Barbe-Bleue de Bartok, composé vingt ans après.

En traitant les œuvres en miroir, comme si l'héroïne de Bartok, Judith, était le prolongement de Iolanta, il donne à chacune une profondeur psychologique à côté de laquelle passent de nombreux metteurs en scène. Chez Tchaïkovski, la princesse Iolanta, à qui son père a caché sa cécité, refuse de voir, craignant que l'avènement de la lumière ne provoque la fin de son Éden. Chez Bartok, Judith veut faire la lumière sur le passé de son époux. Au risque de (sa)voir, et de devenir la proie de son subconscient. Il convient de saluer ici l'excellence vocale des deux chanteuses principales, mais aussi leur performance d'actrices. Netrebko, Iolanta au timbre idéal de pureté, campe une héroïne fragile et éblouissante de naïveté, face à un Piotr Beczala solaire en amoureux transi. Bien moins connue, Nadja Michael brûle littéralement les planches en Judith à la sensualité bestiale, dévorée de l'intérieur face à un Mikhaïl Petrenko aussi implacable et impassible que Dexter.

Insolent design sonore

Pour relier ces deux paraboles sur l'illumination, Trelinski multiplie les références cinématographiques. Le recours à la vidéo, par le truchement inédit d'un double rideau (à l'avant et en fond de scène), fait courir dans Iolanta les ombres d'un bois menaçant rappelant étrangement La Belle au bois dormant de Disney (clin d'œil à Tchaïkovski?). Plans à la Hitchcock, cage d'ascenseur sans fin, absence totale d'éclairage frontal… La plongée dans l'antre de Barbe-Bleue épouse de son côté les allures d'un film d'épouvante, rehaussé par l'insolent travail de design sonore de l'incontournable et génial Mark Grey. Élément commun aux deux ouvrages? Une spectaculaire forêt suspendue, dont on ne voit que les racines et la base des troncs, déploie son décor de rêve ou de cauchemar tout au long de trois heures d'un spectacle réellement saisissant, dont le chef Gergiev dessine la moindre nuance avec la précision d'un coloriste démiurge.

Iolantaet Le Château de Barbe-bleue : diffusion ce soir à 18h30 dans 120 cinémas, partout en France. Liste complète: www.pathelive.com

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