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Théâtre dans le théâtre

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Vlaamse Opera
06/11/2014 -  et 14, 17, 22, 25, 27, 29* juin 2014 (Gent), 17, 19, 21, 24, 26, 29, 31 mars, 2 avril 2015 (Antwerpen)
Wolfgang Amadeus Mozart: Don Giovanni, K. 527
Iain Paterson (Don Giovanni), Alastair Miles (Leporello), Burçu Uyar (Donna Anna), Magnus Staveland (Don Ottavio), Karine Babajanyan (Donna Elvira), Tijl Faveyts (Masetto), Tineke Van Ingelgem (Zerlina), Jaco Huijpen (Il Commendatore)
Koor van de Vlaamse Opera, Matteo Pirola (chef du chœur), Symfonisch orkest van de Vlaamse Opera, Alexander Joel*/Yannis Pouspourikas (direction)
Guy Joosten (mise en scène), Johannes Leiacker (décors), Eva Krämer (costumes), Manfred Voss (lumières)


(© Vlaamse Opera/Annemie Augustijns)


La saison du Vlaamse Opera s’achève avec Don Giovanni (1787), d’abord représenté à Gand ce mois de juin, puis à Anvers du 17 mars au 2 avril avec une autre distribution. Guy Joosten exploite le principe de la mise en abyme. Le décor représente la rue latérale d’un théâtre dont un des murs se lève pour en dévoiler la scène, qui ressemble plutôt à des tréteaux. Malgré un jeu d’acteur soutenu, qui n’évite toutefois pas des postures, des gestes et des allusions en dessous de la ceinture déjà vues de multiples fois, les intentions paraissent incertaines. Les personnages confondent-ils la réalité avec la fiction ? S’agit-il d’une répétition ? Don Giovanni, en tout cas, se présente toujours en costume de scène, au contraire d’autres personnages qui surgissent vêtus tantôt comme s’ils jouaient leur rôle, tantôt de leurs habits de tous les jours – Zerlina conserve sa tenue de vulgaire escort girl. Confuse et peu subtile, la scénographie peine à soutenir l’intérêt, bien qu’il s’y déroule continuellement quelque chose – étrange paradoxe. Elle contient néanmoins quelques idées comme la dissolution, à la fin, sous une toile, de Don Giovanni, dont il ne reste plus que le costume que se disputent Donna Anna, Donna Elvira et Zerlina, ou encore la présence, sur le plateau, de techniciens du (faux) théâtre qui arborent le (vrai) badge de l’Opéra flamand. Dans la scène finale, ces derniers apportent des pupitres et des plantes en pot, comme si les chanteurs se produisent en version de concert.


Bien qu’imparfaite, la distribution laisse un meilleur souvenir. Iain Paterson, qui utilise sa voix à bon escient, livre une prestation théâtralement convaincante et vocalement assurée. Le baryton confère du relief et du caractère au rôle-titre, au contraire de Burçu Uyar et de Karine Babajanyan qui peinent à personnifier Donna Anna et Donna Elvira, perdant de leur prestige et de leur aura. La voix ample, puissante et moelleuse de la soprano turque présente, en revanche, bien des atouts alors que celle, métallique et terne, de sa partenaire arménienne offre moins d’attraits. Tineke Van Ingelgem leur ravit la vedette : la soprano belge, qui possède un timbre délicieux, chante avec aisance et a de l’abattage pour jouer la comédie. Le même schéma se reproduit chez les hommes. Interprétés par Magnus Staveland et Tijl Faveyts, Don Ottavio et Masetto paraissent encore plus insignifiants qu’à l’accoutumée, timorés face à des femmes autrement plus émancipées qu’eux. D’un autre côté, le Leporello de l’excellent Alastair Miles apporte une réelle plus-value au plateau grâce à un art du chant accompli et un don inné pour la comédie. Le chanteur britannique exploite, sans en rajouter, la fibre comique du personnage auquel il apporte des fêlures bien humaines – une remarquable composition. Autre voix grave : celle, caverneuse, de Jaco Huijpen qui excelle lui aussi dans le rôle, court mais crucial, du Commandeur.


L’orchestre, enfin, reste fidèle à lui-même, ni meilleur, ni moins bon que d’habitude : il développe une sonorité suffisamment séduisante, affiche de la cohésion, intervient avec netteté, autant de raisons pour ne pas lui tenir rigueur de quelques imprécisions ici ou là. Alexander Joel, qui use de tempi plutôt justes, conserve la tension du dramma giocoso en témoignant d’assez de finesse dans les passages légers. Grâce à ce chef de fosse chevronné, les chanteurs ne doivent pas s’époumoner – le contraire serait un comble. La saison prochaine, le Vlaamse Opera, qu’il faudra désormais appeler Opera Vlaanderen, reprendra également les deux autres opéras issus de la collaboration entre Mozart et Da Ponte que Guy Joosten a mis en scène : Così fan tutte, du 14 décembre au 20 janvier, à Anvers et à Gand, et Les Noces de Figaro, du 16 au 30 juin, à Gand uniquement.



Sébastien Foucart

 

 

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