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Indélicatesses

Nice
Opéra
11/17/2013 -  et 19, 21, 23 novembre 2013
Carl Maria von Weber/Hector Berlioz : Le Freyschütz

Lionel Lhote (Ottokar), Stephen Bronk (Kouno), Claudia Sorokina (Agathe), Hélène Le Corre (Annette), Franck Ferrari (Gaspard), Bernhard Berchtold (Max), Thomas Dear (Un Ermite), Richard Rittelmann (Kilian)
Chœur de l’Opéra de Nice, Giulio Magnanini (chef de chœur), Orchestre philharmonique de Nice, Philippe Auguin (direction)
Guy Montavon (mise en scène & lumières), Peter Sykora (décors), Pierre Albert (costumes)


(© Dominique Jaussein)


Même si elle a été donnée en 2011 à l’Opéra-Comique, l’adaptation du chef-d’œuvre de Weber, Der Freischütz, signée d’Hector Berlioz, reste une vraie rareté. C’est pour l’Opéra de Paris en 1841 que le compositeur français accepta de mettre en récitatifs l’essentiel des dialogues parlés, tout en veillant à ce que la traduction française du texte s’accorde bien avec les inflexions de la ligne vocale. C’est cette version qui était donnée à l’Opéra de Nice ces jours derniers.


De la proposition scénique de Guy Montavon, nous ne pourrons malheureusement pas dire grand-chose. En effet, les contraintes inhérentes à une soirée protocolaire (avec discours des maires de Nice et Nuremberg, villes jumelées, avant la représentation) étant invoquées pour justifier l’absence d’accréditation, d’autant que la soirée était par ailleurs affichée «complet» bien que la salle fût en réalité seulement aux deux tiers pleine, c’est depuis le cinquième balcon qu’il nous a fallu évaluer le spectacle. Or, compte tenu de la scénographie (unique) constituée d’un immense escalier montant très haut vers le fond de scène, il n’était malheureusement possible que de distinguer que les premières marches alors que la totalité du spectacle se déroule au niveau médian, voire en haut du fameux escalier. Au-delà du fait que le principe scénique est éculé – on l’a déjà vu cent fois! –, qu’il met à la torture les chanteurs en les épuisant à sans cesse monter et descendre des dizaines de marches (sans que ce ne soit dicté par une idée dramaturgique), il témoigne surtout d’un mépris total pour le public désargenté du «paradis» qui a pourtant bien le droit de voir ce qui se passe sur scène... quand bien même il ne s’y passerait pas grand chose.


Dans le rôle de Max, le ténor (de caractère) autrichien Bernhard Berchtold fait forte impression grâce à un timbre d’une souplesse toute juvénile, un chant coloré, une impeccable diction du français, mais nous lui reprocherons des aigus forte qui ont la fâcheuse tendance à plafonner et/ou détimbrer. Claudia Sorokina, qui chante Agathe, n’a pas résolu les problèmes d’un personnage de haute stature. La soprano ouzbèke ne possède pas la luminosité dans le timbre exigée par sa partie, et elle délivre son grand air du II avec une voix tendue, ce qui lui enlève toute émotion. De son côté, la chanteuse française Hélène Le Corre campe une délicieuse Annette, avec son soprano fruité et précis, qui apporte à son personnage toute la fraîcheur rêvée. La grâce opère dans sa fameuse romance.


Toujours meilleur acteur que chanteur – sans que cela ait été, ce soir, aussi gênant que d’habitude, reconnaissons-le –, le baryton niçois Franck Ferrari incarne un Gaspard crédible scéniquement, et même satanique à souhait, avec un timbre mordant, sinon tout à fait noir. Il n’y a, en revanche, que du bien à écrire du Kouno somptueusement sonore et pétri d’humanité de Stephen Bronk et de l’excellent Ermite de la basse franco-britannique Thomas Dear. Richard Rittelmann s’acquitte avec brio des couplets dévolus au personnage de Kilian, tandis que le magnifique baryton belge Lionel Lhote nous gratifie, dans le rôle du Prince Ottokar, de son grain de voix raffiné et de l’élégance de son chant. Nous n’oublierons pas de citer le chœur maison, qui s’acquitte admirablement d’un rôle particulièrement important.


Mais la principale source de satisfaction de la soirée se trouve dans la fosse, où le solide métier de Philippe Auguin, directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Nice, lui permet de «tenir» d’un bout à l’autre l’ouvrage auquel il donne une densité irrésistible, avec un sens aigu du drame. D’un orchestre bon, mais qui n’est pas celui du Capitole de Toulouse, il tire des sons pleins et rayonnants, d’une vigoureuse poésie. Tout respire juste et large, et nous ne serons donc pas venu pour rien.



Emmanuel Andrieu

 

 

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