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Harnoncourt enchante Salzbourg

Bernard Richter incarne Tamino dans La Flûte enchantée, de Mozart, donné en ouverture du Festival de Salzbourg. HERWIG PRAMMER/REUTERS

En ouverture du festival autrichien, le chef d'orchestre a donné le meilleur de lui-même avec le Concentus Musicus et Mozart.

Pour une nouvelle production de La Flûte enchantée, a fortiori comme spectacle d'ouverture du Festival de Salzbourg, on s'attendrait à ce que l'accent soit mis surtout sur la nouveauté de la mise en scène, tant on croit connaître par cœur chaque recoin de la partition. Pourtant, l'événement de cette Flûte, c'était sans la moindre hésitation l'interprétation musicale de Nikolaus Harnoncourt. Le simple fait d'avoir convaincu le pionnier des instruments anciens de revenir au Festival de Salzbourg, d'où il était parti fâché, est d'ailleurs le premier titre de gloire du nouveau directeur, Alexander Pereira, qui avait noué avec le chef autrichien une relation de confiance lorsqu'il dirigeait l'Opéra de Zurich.

Deuxième événement: la présence dans la fosse, non du Philharmonique de Vienne dont Mozart est pourtant le domaine réservé à Salzbourg, mais du Concentus Musicus, l'ensemble que le chef fonda en 1953, et où l'on reconnaît encore au violon sa femme, Alice (82 ans comme son chef de mari!), ou le bassoniste Milan Turkovic, 73 ans. De fait, c'est musicalement que cette Flûte est un éblouissement.

On croit redécouvrir chaque page, tant le chef a repensé au fil des années les tempi et l'articulation: rien n'est arbitraire, tout est pensé en fonction du texte et des situations, dans cette vision sans concession où il nous prend sans cesse par surprise. Quant au Concentus Musicus, il en est l'instrument idéal, par ses couleurs âpres et patinées, qui nous rapprochent des dernières œuvres de Mozart et de leurs sonorités crépusculaires. Le public salzbourgeois fait une ovation spectaculaire à Harnoncourt: il est loin, le temps où Karajan lui interdisait l'accès à la ville de Mozart…

D'une distribution irrégulière émergent le Sarastro superbement noble et jeune de Georg Zeppenfeld, le Tamino (presque trop) radieux de Bernard Richter, la Pamina très musicale quoique un peu monochrome de Julia Kleiter. Le Papageno de Markus Werba reste conventionnel, la Reine de la nuit de Mandy Friedrich a l'aigu mais pas la précision des vocalises.

Réalisation plaisante

La mise en scène de Jens-Daniel Her­zog fourmille d'idées qui ne font pas forcément un spectacle marquant: il est vrai que sa force théâtrale est bien inférieure à celle de la direction! On notera l'utilisation très habile du cadre fascinant du Manège des rochers, doublant les arcades pour créer un labyrinthe.

En phase avec le chef, il fait de la communauté de Sarastro une secte tout sauf lumineuse, où l'on pratique le lavage de cerveau sur de jeunes élèves en blouse et uniforme. Rejetées de ce monde masculin, les Dames de la nuit ont recours à leurs charmes pour tenter de recouvrer leur bien. Renvoyées dos à dos, la nuit et la lumière, lorsque Sarastro et la Reine de la nuit se battent comme des chiffonniers tandis que Tamino, Pamina, Papageno et Papagena s'éloignent avec leurs landaus, le cercle solaire faisant désormais office de hochet. La réalisation, plaisante et guère dérangeante, reste un peu simpliste. Et si le message est qu'il vaut mieux se marier et faire des enfants plutôt que de rechercher une sagesse de toute façon utopique, c'était beaucoup de bruit pour rien. La musique de Mozart nous en dit beaucoup plus, grâce à Harnoncourt.

Jusqu'au 19 août, www.salzburgerfestspiele.at

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Harnoncourt enchante Salzbourg

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4 commentaires
  • xanadu76

    le

    Lorsque j'ai vu que la mise en scène ne me plaisait pas ( retransmission sur Arte ) , j'ai commencé à lire en profitant de cette musique que je connais par coeur . Résultat , je me suis endormie , même pas entendu la reine de la Nuit ...Ce fut une belle berceuse !

  • Rollo

    le

    Je ne sais pas quelle lumière vous a transmis cette information, mais les infirmières et des médecins "à la Mengele" muni d'un tuyau qui partait de la base du crâne et les trois petits garçons transformés en vieillards, ne constituent pas ce que l'on pourrait appeler une mise en scène, même un soir de grand vent. De quel droit vend-on une telle laideur à des prix assez forts, et même si le prix était faible, la production resterait très médiocre vocalement et la mise en scène est une horreur. Je parie que le rédacteur de cet article n'était pas dans la salle. Je vous conseille également de lire les avis avisés sur le forum ODB Opéra sur la Toile.

  • Rollo

    le

    Je ne sais pas quelle lumière vous a transmis cette information, mais les infirmières et des médecins

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