Au Théâtre des Champs Elysées : un “Enlèvement au Sérail” festif

Le Théâtre des Champs-Elysées a proposé lundi soir un Enlèvement au Sérail vigoureux et plein de charme. Pour cette version de concert, les dialogues en allemand ont été supprimés. C’est Selim lui-même qui décrit l’action sur un beau texte en français d’Ivan Alexandre, tantôt farceur, tantôt poétique – et qui aurait d’ailleurs mérité mieux que la déclamation un peu sirupeuse d’Eric Ruf.

Chanteurs aguerris

Homogène, la distribution réunit des chanteurs aguerris, quoique d’un format vocal plutôt modeste. Elle est dominée par la vibrante basse Sulkan Jaiani, Osmin plein d’assurance jusqu’aux notes les plus sépulcrales. Malgré quelques faiblesse dans le grave et un volume modeste, Levy Sekgapane met sa tessiture très élevée et son timbre chaleureux au service d’un Belmonte tout en grâce et en élégance. Sahy Ratia charme par une superbe incarnation de Pedrillo, aussi pétillante vocalement que scéniquement. Il donne un peu de vie à un ensemble assez statique, en harmonie sur ce point avec la ravissante Blondchen de Florina Ilie, au pur et agile soprano. Les airs que Mozart a dévolus à Konstanze appellent en revanche un timbre un peu plus large et rond que celui de Florie Valiquette, notamment pour le redoutable « Martern aller Arten », ce soprano léger parvenant toutefois avec bonheur à se jouer des nombreuses difficultés du rôle.

Le spectacle est avant tout porté par les musiciens du Concert de la Loge. Tenant également la partie de premier violon, Julien Chauvin les entraîne avec enthousiasme et énergie dans des tempi très allants, offrant un dynamisme bienvenu. On savoure par ailleurs la superbe harmonie de l’ensemble et la chaleur des timbres de ces instruments anciens. Quelle merveille de précision que cet accompagnement en pizzicati de la sérénade «In Mohrenland » ! Grâce à eux, Mozart est à la fête.

L’Enlèvement du Sérail de Mozart. Paris, Théâtre des Champs-Elysées, le 11 décembre.