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Jonathan Tetelman, Werther d’exception à Baden Baden

par Paul Fourier
27.11.2023

Le ténor en début de carrière a livré une incarnation toute en tension et en chant exalté… Mais le dispositif retenu par un Robert Carsen à court d’idées, a lourdement handicapé les chanteurs, pas tous extraordinaires…

L’effet Werther

Les Souffrances du jeune Werther de Goethe parut (anonymement) en 1774 et eut un impact considérable, notamment parce que le roman épistolaire mettait en scène le suicide du héros.

Son succès conféra à l’auteur alors âgé de 25 ans, une gloire que confirmeront ses futurs ouvrages.

L’œuvre considérée comme le roman clé du « Sturm und Drang », précurseur du romantisme allemand, eut, par ailleurs, un effet inattendu. Elle déclencha non seulement une « fièvre de la lecture », mais aussi une vague de suicides (vague certes contestée). Germaine de Staël écrivit alors que « Werther a causé plus de suicides que la plus belle femme du monde… » !

C’est donc sur la base de ce que le sociologue américain David Philipps a ensuite appelé « l’effet Werther », un phénomène de suicide mimétique, que Robert Carsen a construit sa mise en scène. Certes…

Un Robert Carsen à bout de souffle

Pendant le mandat d’Hughes Gall, le metteur en scène nous a notamment offert avec Alcina ou Les contes d’Hoffmann parmi les plus belles productions de l’Opéra de Paris : Mais, pour cette production, comme pour d’autres récentes, il paraît avoir perdu nombre des atouts qui enchantèrent le public dans les années 2000. Car s’il part d’une représentation de « l’effet Werther » – idée qui aurait pu être judicieuse -, elle tourne malheureusement rapidement à vide.

 

Certes, le personnage qui lit sur scène Les Souffrances du jeune Werther montre vite des signes de déséquilibre mental et Carsen a trouvé en Tetelman, un interprète d’une crédibilité effarante qui fait là une incroyable démonstration de descente aux enfers, alliant la justesse vocale (non exempte d’excès) aux désordres psychologiques. Mais le ténor se retrouve vite bien seul à soutenir le principe à bout de bras.

Le jeu des autres protagonistes (Charlotte en tête) apparaît, lui, souvent artificiel ; quant aux actions des figurants qui feuillettent aussi le livre (et seront les acteurs d’un suicide collectif à la fin de l’opéra), elles seront rapidement agaçantes.

 

 

Plus grave qu’une mise en scène peu inspirée est l’effet acoustique produit par l’immense bibliothèque déployée sur le plateau, décor qui absorbe les voix ; on est alors stupéfait de voir Carsen, metteur en scène chevronné, commettre là, une erreur de débutant. Pourtant, certains chanteurs ont une voix sonore, mais, même la voix puissante d’un Tetelman vient à s’effacer lorsqu’il se trouve en fond de scène.

Jonathan Tetelman en Werther : peut-être pas parfait, mais terriblement excitant !

Ces dernières années, on a connu de grands Werther. Certains même, comme Kaufmann, sont devenus des références.

Pour son premier Werther dans une grande salle européenne, Jonathan Tetelman fait preuve d’une de ces voix divines qui permettent désormais de l’identifier comme l’un des grands ténors actuels, ainsi que d’une capacité troublante à entrer dans la violence du personnage, cette violence tournée vers les autres, mais avant tout, vers lui-même.

Durant toute sa performance, il semble anticiper les affres futures du héros, chaque action à venir semblant contenue dans les phrases qui précèdent et sa façon de littéralement « larguer les amarres de la raison » peut même le rendre effrayant par instants.

 

Vocalement, il ose tout et invente une incarnation singulière que l’on ne peut rapprocher d’aucune autre. Le timbre est stupéfiant d’homogénéité, le médium d’une richesse harmonique somptueuse, et les aigus sont percutants. Sans retenue, il peut aussi se permettre des effets splendides, jamais artificiels.

Dès son entrée en scène avec son « Je ne sais si je veille ou si je rêve encore », il déploie une voix chargée d’un impact émotionnel, grâce à son léger vibrato et sa capacité d’osciller entre médium et aigu, et ce dans un legato parfait.

 

Lorsqu’il déambule ensuite avec Charlotte, cette envolée soudaine sur « Les étoiles et le soleil peuvent bien dans le ciel… » se révèle être une admirable déclaration d’amour qui trouve son apogée dans un « Rêve ! Extase ! Bonheur ! » magistral par sa montée enflammée, progressive qui ne laisse aucun doute sur l’amour qui déborde en lui à cet instant.

 

Puis, c’est le point de bascule, d’abattement d’abord par une voix quasi tremblante sur « À ce serment restez fidèle ! », suivi d’une explosion finale du 1er acte sur « Un autre son époux ! » qui fera écho à celui, déjà teinté de désespoir, de son retour à l’acte II, avec des graves morbides sur « j’ai peur de blasphémer ».

 

La rapidité avec laquelle il s’empare de « J’aurais sur ma poitrine » montre un Werther haletant qui perd progressivement pied.

Le temps de la rencontre avec Albert, le ténor, réinsuffle de la lumière, voire de la délicatesse dans sa voix, comme si le héros voulait donner le change.

Semblant encore mû par l’espoir de conquérir Charlotte, il livre un « Ah ! Qu’il est loin ce jour plein d’intime douceur » d’une sensibilité extrême, propre à faire pleurer les pierres.

 

C’est, ensuite lui qui prendra la conduite du très beau duo face à Charlotte qui, elle, malheureusement, peine à n’atteindre le même degré d’intensité.

Son « Oui, ce qu’elle ordonne pour son repos, je le ferai » est délivré d’une voix quasi féminine ; le rythme se ralentit avant un poignant « Lorsque l’enfant revient d’un voyage avant l’heure » montant en un « Appelle-moi », stupéfiant de puissance.

 

Au troisième acte, son retour « Oui, c’est moi !… Je reviens », cadencé comme une marche mortuaire est encore saisissant.

C’est ensuite, le lied d’Ossian, ce lied qui sert de révélateur aux grands titulaires du rôle, et, paradoxalement, ce n’est pas ce « Pourquoi me réveiller, ô souffle du printemps ? » qu’il réussit le mieux, peut-être parce qu’il ne cherche pas à se dégager de la violence pour s’abandonner là, à la pure beauté du chant ; ou à ne pas casser la dynamique qu’il continue à dérouler, alors qu’il agresse littéralement Charlotte, rendant ses « Tu m’aimes » de plus en plus menaçants, ouvrant progressivement ses aigus et menant la scène sur des sommets inquiétants. Le « Rien ! pas un mot… elle se tait… Soit ! Adieu donc ! Charlotte a dicté mon destin ! » est inouï et nous prend à la gorge.

 

Le duo final sera pour le ténor, comme pour la mezzo-soprano, en deçà des sommets où le ténor nous a emmenés. Est-ce en raison du dispositif scénique, bien inconfortable, qui les place tous deux sur un tas de livres qui sont tombés de la bibliothèque sur lequel Tetelman chante la plupart du temps couché ?

Si le moment est émouvant, les deux protagonistes, cependant, peinent un peu à conclure, avec excellence, cette représentation marquée par la performance, somme toute extraordinaire, du ténor.

 

Malgré sa voix sublime et ses variations infinies, on ne peut pas encore qualifier ce Werther d’idéal, car si l’on sent que Tetelman a travaillé la prononciation, son français est loin d’être irréprochable. Il n’est d’ailleurs pas le seul sur le plateau. Car Werther avec son inexorable progression et la descente aux enfers du personnage principal (mais aussi de Charlotte) est probablement l’un des opéras français qui exige de ses protagonistes une capacité à « dire » la souffrance.

D’expérience, l’on sait, certains chanteurs, on le sait, ont une facilité naturelle pour le français et ce, même souvent indépendamment de leur langue maternelle. Cela ne semble pas être le cas de Tetelman ce qui peut, dans le futur, l’obliger à être sérieusement « coaché » afin de pouvoir se hisser au firmament de ses grands rôles à venir, en français.

L’on sait aussi que cela est affaire de chef. À Paris, Kaufmann a, sans aucun doute, profité de l’enseignement de Plasson, grand maître en la matière. Il est fort probable que Tetelman n’ait pas eu cette chance avec Hengelbrock.

Plutôt Sophie que Charlotte…

À bien des égards, Kate Lindsey est problématique dans le rôle de Charlotte. Tout d’abord, son timbre est indéniablement trop clair et la voix, avec un ambitus trop réduit, est trop légère pour le rôle. Ceux-ci se marient donc imparfaitement avec ceux de Tetelman, alors que Charlotte, dans l’histoire, est rapidement en situation d’affrontement avec Werther et que le duo, de ce fait, se retrouve déséquilibré.

 

Son français, non plus, n’est pas irréprochable ; il est parfois même incompréhensible lorsqu’elle se retrouve en difficulté avec les exigences du rôle. Ainsi, si elle ne s’économise pas dans son air des lettres, celui-ci manque d’impact et lorsqu’elle tente des graves, les notes n’ont pas suffisamment de charpente, voire même, peuvent s’avérer assez déplaisantes. Elle cède alors à un jeu souvent outré, et à des effets vocaux contestables qui ne contribuent pas à la crédibilité du personnage.

L’air « Va ! Laisse couler tes larmes ! » est un peu mieux maîtrisé et elle termine sa longue scène avec un « Ah, mon courage m’abandonne ! » de belle facture.

Cependant, dans le duo qui suit, avec Werther, elle retombe dans des travers avec des notes bien disgracieuses… et il en sera de même dans le dernier acte.

 

Nikolai Zemlianskikh n’est pas non plus particulièrement percutant en Albert. Il est élégant et dispose d’une belle voix de baryton clair qui offre un beau contraste avec celle de Werther lors de leurs rencontres. Il manque, malgré tout, de la personnalité et de l’impact de ce mari de Charlotte qui n’hésitera finalement pas, à se débarrasser de son rival par tous les moyens.  À l’instar de Charlotte, il tend à surjouer les scènes les plus dramatiques, notamment celle où il remet les pistolets à Charlotte.

 

En revanche, Elsa Benoît incarne une très belle Sophie. La prononciation est idéale, le timbre est rond, et les aigus affirmés. Son « Frère, voyez ! Voyez le beau bouquet ! (…) Du gai soleil, plein de charme » est un véritable rayon de soleil dans une atmosphère pesante. Il sera conclu par un bel aigu filé et flottant. Plus tard, dans le duo avec Charlotte, elle est en mesure de faire montre d’un beau sens dramatique, et ce, malgré l’air assez incongru, mais cependant, très réussi « Il a des ailes : c’est un oiseau ».

 

Si Scott Wilde personnifie un bailli honnête, le duo Schmidt – Johann souffre du déséquilibre entre Kresimir Spicer à la bonne diction et à la voix retentissante, et William Dazeley bien moins bon de son côté.

Un chef tout à son orchestre

Thomas Hengelbrock dirige brillamment le Balthasar-Neumann-Orchester dont les sonorités luxueuses accompagnent les points d’acmé de la partition de Massenet, la pure beauté du prélude au duo d’amour de Werther et Charlotte, comme l’entrée dans l’acte IV, deux miracles nés de la plume du compositeur. Il est aux côtés de Werther dans ses errances, qu’elles soient mesurées, voire douces, ou qu’elles soient brutales. À tout moment, il porte la violence portée par le ténor qui plie parfois, face au flot orchestral, mais ne rompt jamais. S’il est une chose que l’on peut cependant reprocher au chef, c’est sûrement une insuffisante attention accordée à ses chanteurs qui, mieux préparés, auraient pu s’appuyer sur un français plus irréprochable que celui qui nous a été servi ce soir.

Ce fut donc le premier Werther de Jonathan Tetelman sur une grande scène. Ce qu’il a donné ce soir est déjà superlatif. Il ne reste qu’à espérer que toutes les conditions soient bientôt réunies pour qu’il devienne un des titulaires de référence du rôle.

 

 

 

 

Visuels : © Andrea Kremper