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L’Académie en verve

Paris
Athénée - Théâtre Louis-Jouvet
04/29/2023 -  et 30 avril, 2*, 3, 5, 6 mai 2023
Gioacchino Rossini : La scala di seta (adaptation Jean‑François Verdier)
Margarita Polonskaya*/Boglárka Brindás (Giulia), Laurence Kilsby*/Kiup Lee (Dorvil), Yiorgo Ioannou*/Andres Cascante (Germano), Thomas Ricart (Dormont), Alejandro Balinas Vieites*/Andriy Gnatiuk (Blansac), Marine Chagnon*/Seray Pinar (Lucilla)
Musiciens en résidence à l’Académie de l’Opéra national de Paris, Orchestre-atelier OstinatO, Elizabeth Askren (direction musicale)
Pascal Neyron (mise en scène), Caroline Ginet (décors), Sabine Schlemmer (costumes), Florent Jacob (lumières), Charles-Alexandre Creton (dramaturgie)


(© Vincent Lappartient/J’adore ce que vous faites)


Que ce soit aux Bouffes du Nord (voir notamment en 2021) ou à l’Athénée, on se délecte encore et toujours de l’écrin idéal de ces petites jauges, qui offrent autant des prix attractifs qu’une proximité avec les interprètes, sans parler de l’acoustique de rêve. De quoi expliquer le choix de l’Académie de l’Opéra national de Paris d’y monter régulièrement ses spectacles, fêtés par un public venu en nombre, dont plusieurs membres de l’Association pour le rayonnement de l’Opéra de Paris (AROP) présents pour cette troisième représentation.


Et quelle fête ! Le premier mérite en revient à la promotion actuelle, dont le haut niveau impressionne dès les premières interventions. Ainsi de la lumineuse Giulia de Margarita Polonskaya, qui joue de son aisance sur toute la tessiture (malgré quelques infimes duretés dans le suraigu en puissance) pour donner à son rôle une présence féline et sensuelle. Mais c’est peut‑être plus encore le très applaudi Yiorgo Ioannou (Germano) qui donne une leçon de diction au service du texte, à force de phrasés aériens et d’agilité dans l’émission. On aime aussi les graves mordants, admirablement articulés, d’Alejandro Balinas Vieites (Blansac), à la présence physique animale. C’est précisément dans le domaine théâtral que Laurence Kilsby (Dorvil) doit encore progresser, afin de se hisser au niveau de ses partenaires. Mais quel ravissement lorsque ténor s’épanouit dans les sauts de registre nombreux de son rôle, avec une souplesse et un raffinement dignes des plus grands, le tout servi par un timbre splendide ! On aime aussi la solide Lucilla de Marine Chagnon, à la ligne bien posée, tandis que Thomas Ricart (Dormont) s’impose avec un bel aplomb.


L’autre grande réussite de la soirée revient incontestablement à la mise en scène désopilante de Pascal Neyron, qui s’affirme à nouveau dans le répertoire comique à l’Athénée, après Le Testament de la tante Caroline de Roussel en 2019 et Là‑haut de Maurice Yvain en 2022. Son travail s’appuie sur l’exiguïté du décor, au mobilier minimaliste des années 1950, dont l’exploration astucieuse réserve plusieurs surprises tout au long du spectacle. On aime aussi la caractérisation des personnages données par les costumes, tous plus farfelus les uns que les autres, apportant une malice bienvenue pour muscler le livret.


La seule déception de la soirée vient de la fosse, où la verdeur des cordes sonne trop rêche dans les tutti, même si Elizabeth Askren sait animer la grâce sautillante rossinienne de sa direction allégée et chambriste, avec beaucoup d’esprit.



Florent Coudeyrat

 

 

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