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Rapprochement franco-allemand autour de la Chauve-souris à Rennes

Rapprochement franco-allemand autour de la Chauve-souris à Rennes

Il est peu de dire que 2020-2021 a été compliqué pour tous les artistes et les mélomanes du monde entier. Par chance, quelques productions ont été maintenues comme La Chauve-souris à l’Opéra de Rennes, assurément le spectacle le plus réjouissant de la saison. Explications...

La Chauve-Souris © Laurent Guizard

La Chauve-Souris © Laurent Guizard

La saison 2020-2021 restera dans les esprits comme une fête ratée que les mélomanes préféreront vite oublier, la longue liste des spectacles annulés s’affichant comme autant de rendez-vous désespérément manqués. Et pourtant, l’Opéra de Rennes lance une invitation exaltante à retrouver le bonheur d’un spectacle très vivant. Le 9 juin 2021 sera diffusée sur les antennes de neuf télévisions locales et sur les écrans de cinémas fraîchement réouverts à Rennes, Nantes, Angers et de très nombreuses villes de Bretagne et des Pays de La Loire, une nouvelle production de La Chauve-souris (Die Fledermaus) de Strauss. Capté les 8, 10 et 12 mai 2021 dans l’écrin de l’Opéra rennais, le spectacle est une exceptionnelle réussite qui ne laissera personne indifférent. Alors qu’il leur est recommandé le plus souvent de se faire discrets en présence de caméras, les journalistes et rares professionnels invités dans la salle ce 10 mai n’ont pu rester silencieux. Leurs applaudissements et leurs rires feront partie de la retransmission.

Jean Lacornerie met en scène « chacun à son goût ! »

La Chauve-Souris © Laurent Guizard

La Chauve-Souris © Laurent Guizard

A l’évocation du titre bien connu les sourires viennent spontanément sur les lèvres comme les mots « Vienne, opérette, champagne et légèreté ». Mais comme parfois avec les comédies à l’opéra, il est risqué de tomber dans le grotesque, le ringard ou pire, l’ennui. La difficulté principale pour le metteur en scène est de trouver le rythme avec les chanteurs qui n’ont pas toujours la fluidité corporelle et le phrasé requis pour pouvoir à la fois jouer et chanter. En confiant les parties parlées à une seule et même personne, Jean Lacornerie a eu une idée de génie et la chance de tomber sur la comédienne idéale pour donner vie à tous les personnages. Principalement connue pour son rôle de Guenièvre dans la série télévisée Kaamelott, Anne Girouard endosse chaque rôle avec une maestria remarquable usant d’un registre vocal digne des plus grands doubleurs comme Micheline Dax ou Roger Carel. Maîtresse de cérémonie, elle est de tous les tableaux commentant l’action, traduisant à l’occasion les parties chantées dans l’Allemand straussien et jouant même le rôle de Frosch à la dernière minute. L’acte III est l’un des plus amusants où elle donne la réplique à Franck le gouverneur de la prison (parfaitement incarné par Horst Lamnek) dans un maëlstrom de français et d’allemand tout simplement irrésistible. Un second degré intelligemment distillé sert une production où règne le goût et la fantaisie. Toujours drôle et subtil, le metteur en scène Jean Lacornerie utilise à merveille un décor astucieux de cadres au mur. Comme au temps du cinéma muet, les chanteurs miment les paroles en adoptant des postures qui rappellent les cartes postales des années folles.

Le prince est la reine de la soirée

La Chauve-Souris © Laurent Guizard

La Chauve-Souris © Laurent Guizard

Tous sont également d’excellents acteurs même si la distribution vocale appelle de légères réserves. En culotte de peau tyrolienne, Milos Bulajic est un Alfred gentiment benêt mais mal préparée, la voix ne suit pas les intentions du ténor souvent pris à défaut. Eleonore Marguerre dans le rôle central de Rosalinde trouve difficilement ses marques dans cette opérette viennoise qui réclame un grand soprano. Vocalement le charme opère plus avec sa soubrette Adele. Claire de Sévigné possède l’aigu facile et l’espièglerie réclamée par le rôle qui font mouche dans un réjouissant numéro à la Mistinguett sur « Mein Herr Marquis ». Les deux protagonistes de la farce forment un couple de barytons parfaitement assorti. Stephan Genz est un habitué du rôle de Gabriel von Einsenstein qu’il chante avec générosité face au Falk de Thomas Tatzl. L’artiste déjà remarqué dans El publico au Teatro Real possède un timbre particulier assez fascinant dans « Brüderlein ». Vocalement, le roi de la soirée est le prince Orlofsky. Avec un timbre qui n’est pas sans rappeler Brigitte Fassbaender, la mezzo Stephanie Houtzeel est parfaitement à l’aise dans la tessiture et enthousiasme dans ses grands airs. Enfin, Horst Lamnek déjà cité et François Piolino dans le rôle trop court du notaire nous offrent de très bons moments de comédie. Habitué du répertoire, le chef d’orchestre Claude Schnitzler dirige une formation réduite qui sonne agréablement. Il faut évoquer également le Chœur de Chambre Mélisme(s) et Raphaël Cottin le chorégraphe d’un ballet gentiment déjanté qui contribuent à la parfaite réussite d’un spectacle qui sera repris pour la plus grande joie de tous.

Terrifiant Viol à l’Académie de l’Opéra national de Paris

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